Daniel Charlot, en charge du théâtre l'Écho du Robec à Darnétal (Seine-Maritime), aux côtés de Daniel Desprez, présente une création inédite inspirée par le procès de la reine : une véritable performance qui résume sur scène un jugement symbolique. Il nous en parle :
Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
"C'est mon épouse Christiane Charlot, professeur de français, qui me l'a suggéré. Il y a deux ans, j'avais déjà écrit une pièce historique sur le procès de Madame Bovary. Cette fois je m'attelle à un morceau d'histoire. C'est un procès qui témoigne des tourmentes révolutionnaires. Bien sûr, il me faut restituer le contexte historique - en 1793, la Révolution est en danger, les combats sont très durs et la terreur s'annonce - mais c'est avant tout le destin tragique d'une femme. La pièce ne refait pas son procès mais lui rend son statut. C'est une page d'histoire et son destin dramatique mérite notre attention".
En quoi est-elle un symbole fort pour les révolutionnaires ?
"Les révolutionnaires veulent éradiquer la royauté : après avoir décapité le roi, il leur fallait aller jusqu'au bout. Marie-Antoinette reste l'étrangère. L'opinion publique a fait d'elle une femme dépensière et frivole. Ils veulent sa tête à tout prix et, sans aucune preuve matérielle, c'est un simulacre de procès. Elle a un avocat commis d'office, choisi la veille du procès, qui ne connaît rien à son dossier. Elle est coupable parce qu'elle est reine, alors on l'accuse du pire. On fait d'elle une femme dépravée et une mauvaise mère".
Comment apparaît Marie-Antoinette dans la pièce ?
"Elle est incarnée par Albane Louvet-Duboc, qui joue souvent dans la troupe du théâtre de l'Écho du Robec. Lors du procès, Marie-Antoinette est une femme de 38 ans qui en paraît 60, malade et à moitié aveugle. C'est surtout une femme déchue, qui a vécu dans l'opulence et qui vit désormais dans le dénuement le plus complet. La perte de ses proches et le traitement qu'on lui a réservé en prison, toute cette douleur lui donne cependant une certaine stature. Au procès qui dure deux jours, elle sait qu'elle est perdue. C'est une femme fatiguée et résignée, mais qui reste digne. Ce n'est plus une reine, mais juste une femme".
Qui sont les personnages de la pièce ?
"Il y a 25 comédiens sur scène. Ils incarnent les juges, mais ce sont aussi des témoins. En plus du jeu d'acteurs, nous avons recours à quelques narrations. La lecture des lettres que le curé d'Évreux écrit à Marie-Antoinette renseigne ainsi le public sur le contexte politique : il parle de la mort du roi, de la Terreur menée par Robespierre, mais aussi de l'avènement d'un jeune militaire corse qui va souffler la fin de la partie. Le spectateur assiste donc au procès, et à l'interrogatoire, tel qu'il a été mené à l'époque. Mais seuls les arguments de la défense nous sont inconnus".
Les 9, 16 et 23 novembre 2019, à 20 h 30 et les 10, 17 et 24 novembre 2019, à 16 h 30, à l'Écho du Robec à Darnétal. 8 à 16€. echodurobec.com
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