Tireur solitaire instable psychologiquement ou auteur conscient d'un attentat ? L'enquête semble donc pencher pour la première hypothèse et le parquet de Bayonne a d'ailleurs annoncé mercredi que "le Parquet national antiterroriste n'entend pas se saisir du dossier".
Claude Sinké, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, a été présenté devant un juge d'instruction et "mis en examen des chefs de tentatives d'assassinat, dégradation et destruction aggravées, violence avec arme sur personne dépositaire de l'autorité publique et violence avec arme", a précisé mercredi soir dans un communiqué Marc Mariée, procureur de Bayonne.
La veille, il avait expliqué que le suspect avait dit aux enquêteurs avoir voulu incendier la mosquée de Bayonne pour "venger la destruction de la cathédrale de Paris", qu'il attribue aux musulmans. "L'ensemble de son audition interroge sur son état de santé psychique", avait ajouté M. Mariée, ordonnant une expertise psychiatrique.
Mercredi matin, il annonçait dans un communiqué que l'expertise avait "conclu à une altération partielle de son discernement et/ou du contrôle de ses actes".
Lors de sa garde à vue, l'octogénaire a démenti avoir voulu tuer en mettant le feu à la porte de la mosquée, expliquant avoir procédé à des repérages pour être sûr de n'intervenir "qu'à un moment où elle était très peu occupée".
Ces affirmations cadrent mal avec le récit de l'attaque, reconstituée notamment grâce à des témoignages et des caméras de surveillance: le suspect a ainsi tiré une première fois sur un homme assis près de la mosquée, puis à deux reprises sur un conducteur avant de mettre le feu à son véhicule. Il avait aussi braqué son arme face aux forces de l'ordre venues l'interpeller.
Les jours des deux septuagénaires blessés ne sont plus en danger.
"Propos décousus"
A Saint-Martin-de-Seignanx (Landes), près de Bayonne, les voisins de Claude Sinké ont tout de suite mis en doute sa santé mentale, le présentant comme un homme "avec des obsessions", au verbe "parfois assez violent". Un veuf qui vivait seul dans son pavillon à la porte d'entrée surmontée d'un drapeau tricolore.
Il avait récemment adressé un courrier rageur à l'ordre des avocats de Bayonne et au procureur de Dax (dont dépend Saint-Martin-de-Seignanx), disant vouloir porter plainte contre Emmanuel Macron.
L'octogénaire avait aussi envoyé sa lettre au quotidien Sud Ouest, qui en publiait mercredi quelques "propos décousus".
"Chirac, De Gaulle, Macron, Moscovici, Hollande, Fabius, Juppé, Larcher, Delors, le Vel d'Hiv, les retraités, les gilets jaunes, les grèves… Tout y passe", écrit le journal selon qui "les théories complotistes se mêlent aux propos racistes et discriminatoires" dans des "mots mal orthographiés, dactylographiés en rouge, en noir et dans des polices de tailles différentes".
Le parquet, mais aussi son avocat, sont restés très discrets jusqu'ici sur la biographie du suspect de 84 ans, qui se présentait sur les réseaux sociaux comme un artiste, un sculpteur, auteur d'un livre "La France à coeur ouvert ou la misère humaine", retraité depuis l'âge de 50 ans, ayant suivi une formation à la SNCF.
Né à Meknès au Maroc en septembre 1935, avec un père légionnaire à Aubagne, il aurait été appelé du contingent de la guerre d'Algérie.
Sa carrière politique, avec une candidature sous l'étiquette Front national aux élections départementales de 2015, ne semble pas avoir fait long feu. "C'était une liste de farfelus qu'on n'a jamais vus faire campagne", affirme à un correspondant de l'AFP Claude Paucton, ancien correspondant pour le journal Sud Ouest à Saint-Martin de Seignanx, qui l'a beaucoup côtoyé.
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