Après le rejet lundi par les députés d'un texte convoquant des législatives le 12 décembre, le dirigeant conservateur a aussitôt annoncé préparer un nouveau vote. Il espère ainsi se redonner une majorité, ce qui lui permettrait d'honorer enfin sa promesse de mettre en oeuvre le Brexit, pour lequel les Britanniques ont voté à 52% lors du référendum de juin 2016.
Alors que le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne devait se produire ce jeudi, les 27 autres membres de l'UE ont donné lundi leur feu vert à une prolongation jusqu'au 31 janvier, à moins que l'accord de divorce conclu il y a une dizaine de jours à Bruxelles ne soit ratifié d'ici là.
Quelques heures plus tard, la Chambre des communes a rejeté le texte du gouvernement convoquant des élections le 12 décembre, qui n'a reçu le soutien que de 299 députés alors qu'il fallait pour ce vote une majorité des deux tiers de 434 voix. Les travaillistes, première formation d'opposition, ont bloqué le texte en s'abstenant, expliquant vouloir d'abord écarter le risque d'une sortie sans accord.
Les députés avaient déjà rejeté deux tentatives de Boris Johnson, arrivé au pouvoir en juillet avec la promesse d'un Brexit le 31 octobre, d'organiser un vote en septembre.
Déterminé à mettre un terme à cette "paralysie", le chef du gouvernement tente de nouveau de déclencher des élections anticipées mardi.
Utilisant les subtilités du système électoral britannique, il compte pour cela présenter un texte de loi fixant la date des élections au 12 décembre. Une telle procédure ne nécessite qu'une majorité simple mais ouvre la voie à une bataille d'amendements sur les modalités des élections.
Le texte pourrait obtenir le soutien de certains partis d'opposition, comme les formations europhiles, le Parti national écossais (SNP) et les Libéraux-démocrates, qui espèrent une victoire du camp anti-Brexit dans les urnes.
"Nous voulons voir le Premier ministre défait et évincé de Downing Street", a déclaré mardi à BBC Scotland Ian Blackford, chef du groupe parlementaire SNP à Westminister.
Pour les convaincre, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Jacob Rees-Mogg a assuré lundi que le gouvernement ne soumettrait pas de nouveau aux députés le texte prévoyant l'application de l'accord de Brexit conclu avec l'UE il y a une dizaine de jours.
Ces partis veulent que l'élection se produise avant la mise en oeuvre du Brexit, d'où la nécessité d'élections le plus tôt possible selon eux et un bras de fer sur la date souhaitée pour le scrutin.
Ecartant la date du 12 décembre, le député libéral-démocrate Chuka Umunna a laissé entendre sur la BBC qu'un compromis pourrait être trouvé. "Nous verrons ce qu'ils proposent d'autre. Il faut sortir de l'impasse".
Le chef du Labour, principal parti d'opposition, a dit lundi qu'il "examinerait" le texte. Mais le parti de Jeremy Corbyn est très divisé sur la direction à prendre.
Dernier report?
Si "le Parlement résiste" et bloque la tenue d'élections, "je voudrais exhorter les Etats membres de l'Union européenne à indiquer clairement qu'un autre report (du Brexit) après le 31 janvier n'est pas possible", a écrit Boris Johnson au président du Conseil européen, Donald Tusk, prenant acte de la décision européenne.
Plus de trois ans après le vote des Britanniques pour quitter l'Union européenne, le Brexit initialement prévu le 29 mars 2019, a déjà été repoussé au 12 avril puis au 31 octobre.
Le report accordé lundi prévoit une date butoir au 31 janvier mais avec la possibilité pour le Royaume-Uni de quitter l'UE au 30 novembre ou au 31 décembre en cas de ratification de l'accord de sortie avant ces échéances, selon un document vu par l'AFP.
La France, pays le plus réticent à un report long, a donné son accord à cette nouvelle prolongation en l'assortissant de conditions. La décision s'accompagne d'une déclaration politique dans laquelle l'UE exclut toute renégociation de l'accord conclu avec le Premier ministre britannique Boris Johnson et demande à Londres de proposer un candidat britannique comme commissaire européen.
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