"Je n'ai aucun élément qui relie ce décès à Jean-Marc Reiser autre que les éléments que j'avais initialement et qui ont permis au magistrat instructeur de le mettre en examen" pour assassinat en septembre 2018, a insisté lundi la procureure de Strasbourg, Yolande Renzi, au cours d'une conférence de presse, tout en reconnaissant qu'il s'agissait d'un "moment décisif" de l'enquête.
Six jours après la découverte fortuite d'ossements par une groupe de promeneurs dans la forêt communale de Rosheim (Bas-Rhin), à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg, ni la date ni la cause de la mort de l'étudiante ne sont encore connues.
"Il va revenir aux experts de faire parler ces ossements à l'aide de toutes les nouvelles technologies", a souligné Mme Renzi.
Outre la certitude fournie par l'ADN que certains de ces ossements -mais pas encore le crâne, l'analyse d'une dent demandant plus de temps- appartenaient bien à la jeune fille de 20 ans, l'élément le plus déterminant révélé à ce jour est une "section nette et franche" d'un fémur qui "n'est pas l'oeuvre d'un prédateur" animal.
La magistrate a évoqué une "section instrumentale", sans vouloir établir de lien avec la scie portant des traces de sang de la jeune fille retrouvée chez Jean-Marc Reiser.
La procureure de Strasbourg a relaté devant les journalistes la découverte d'un crâne, qui avait pu être déplacé par un animal, puis, à "quelques dizaines de mètres" de distance, d'un "tumulus d'environ 3 mètres sur 3 comprenant à son sommet une fosse (...) recouverte de branchages et de pierres".
Les enquêteurs y ont découvert "un squelette incomplet" dont "un tronc" et "un morceau de bassin avec une tête de fémur" ainsi que "des cheveux de couleur foncée".
Scanner, imagerie médicale, analyses toxicologiques : toutes les techniques disponibles vont maintenant être mobilisée pour comprendre sur "ce qui a pu se passer avant le décès et qui reste marqué dans le corps et dans les os".
La forêt de Rosheim n'avait pas fait l'objet de recherches approfondies à la suite de la disparition de la jeune femme.
Indices
Jean-Marc Reiser avait été identifié notamment grâce à son téléphone, mais "les enquêteurs travaillent sur des données téléphoniques qui donnent une zone d'émission, pas un lieu géographique précis", a expliqué la directrice interrégionale de la police judiciaire, Béatrice Brun.
Les recherches doivent se poursuivre dans cette forêt pour tenter de retrouver d'autres parties du corps ou des "indices incriminant la personne qui l'a déposé là", selon Mme Renzi.
Fille de réfugiés vietnamiens, Sophie Le Tan avait disparu le 7 septembre 2018, jour de son 20e anniversaire, alors qu'elle allait visiter seule un appartement en banlieue de Strasbourg.
L'unique suspect, Jean-Marc Reiser, aujourd'hui âgé de 59 ans et qui avait posté l'annonce immobilière à laquelle cette étudiante sans histoire avait répondu, avait été arrêté quelques jours plus tard.
Déjà condamné pour viols, Jean-Marc Reiser avait aussi acquitté au bénéfice du doute pour la disparition à Strasbourg dans les années 1980 d'une jeune femme, dont le corps n'a jamais été retrouvé. Dans l'affaire Le Tan, il a été mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration.
Il a d'abord nié avoir rencontré la jeune femme, avant d'admettre, confronté aux éléments matériels - les traces de sang de Sophie Le Tan retrouvées chez lui, sur des vêtements et une scie- , qu'elle était venue dans son appartement. Mais il soutient l'avoir soignée pour une blessure à la main avant qu'elle ne reparte.
Il avait une fois encore clamé son innocence lors de sa dernière audition, le 5 octobre.
"Je ne pense pas que le magistrat instructeur ait d'ores et déjà planifié (un nouvel) interrogatoire", a avancé lundi Mme Renzi.
Jean-Marc Reiser "n'a pas varié du tout sa position par rapport aux charges factuelles et à son implication dans cette histoire malheureuse", avait indiqué samedi à l'AFP Francis Metzger, l'un de ses avocats.
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