La présence lundi au ministère des Sports de Laurent Nunez, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, lors d'une réunion de l'Instance nationale du supportérisme (INS) qui regroupe tous les acteurs (supporters, ligue, fédération, clubs) autour de la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a à elle seule détendu l'atmosphère, de l'avis de plusieurs membres de l'INS.
Le secrétaire d'Etat a en effet pu être interpellé sur la question chaude des restrictions et interdictions de déplacement de supporters, décidées par voie préfectorale à l'occasion de nombreux matches jugés à risque. Les groupes de supporters les jugent tantôt "trop généralisées", tantôt "incohérentes" ou "disparates".
M. Nunez a apporté quelques réponses en annonçant qu'une circulaire sera adressée aux préfets pour leur rappeler notamment de "ne pas tomber dans la banalisation". Une sorte de "cahier des charges" visant à "responsabiliser tous les acteurs", selon Roxana Maracineanu.
Anticiper les déplacements
Les deux membres du gouvernement ont insisté sur l'importance de "l'anticipation". Ils ont demandé aux acteurs locaux de planifier les premières réunions d'organisation de ces rencontres sensibles "au moins trois semaines" en amont, d'y impliquer le club visiteur et son "référent supporters", cet intermédiaire club-supporters présent au sein de chaque équipe professionnelle depuis 2016.
"Il a été admis aujourd'hui qu'on avait été trop loin, que certaines mesures avaient été disproportionnées. Mais après les discours, il faut les actes, on sera attentif", a réagi Pierre Barthélémy, avocat de l'Association nationale des supporters (ANS). L'entité a décompté 47 matches de football concernés par ces mesures depuis le début de la saison, dont 12 interdictions totales de déplacement, comme dimanche pour PSG-OM.
La présidente de la Ligue de football professionnel (LFP) Nathalie Boy de la Tour, a salué des "déclarations fortes qui aideront nos supporters à se déplacer plus facilement".
Autre avancée notable: le bilan de l'expérimentation des "tribunes debout", ces parcages populaires sans siège espérés par de nombreux groupes de supporters a été "unanimement salué", selon Mme Boy de la Tour.
"Mission d'appui" sur les discriminations
Testée sur quatre stades de L1 et L2 depuis la saison dernière, l'opportunité pour les clubs d'installer ces "tribunes debout", interdites depuis la catastrophe de Furiani à Bastia en 1992 - 18 morts après l'effondrement d'une tribune -, pourrait prochainement entrer dans le code du sport, a souligné la présidente de la Ligue.
Du coup, ces sujets ont pris le pas sur la question, toujours épineuse, des injures homophobes ou racistes dans les stades, alors que plusieurs matches avaient été interrompus en début de saison après des chants jugés discriminatoires.
"Il y a eu déjà beaucoup de prises de positions de la part des instances, puis de la part de supporters qui comprennent le sujet si on leur explique de quoi il s'agit", a déclaré Roxana Maracineanu, montée au créneau à plusieurs reprises depuis le printemps, après un PSG-OM qui l'avait choquée.
Coïncidence, la réunion de l'INS se déroulait au lendemain d'un nouveau "clasico" encore marqué par des insultes fleuries en tribune, "des manifestations inutiles de mépris et d'humiliation par rapport à l'équipe adverse" que la ministre a regrettées.
Le ministère a tout de même fait savoir qu'une "mission d'appui" indépendante allait être lancée, visant à établir un état des lieux sur la question des discriminations dans le sport français.
Ce qui semble, dans un premier temps, satisfaire les supporters: "On a vraiment besoin d'un oeil extérieur là-dessus", a réagi auprès de l'AFP Ronan Evain, le coordinateur du réseau Football supporters Europe (FSE). "Pour savoir si le football a un véritable souci spécifique, ou si on est sur quelque chose de similaire au reste de la société française".
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