Dans un entretien diffusé lundi sur RTL, le chef de l'Etat assure ne pas vouloir "céder à la précipitation" sur ce sujet inflammable afin de ne pas participer à une "sorte de confusion collective" entre terrorisme et islam, près d'un mois après la tuerie de la préfecture de police perpétrée par un musulman radicalisé.
"A chaque fois, on dit, quand le pays s'embrase: faut que le président parle de laïcité, parce qu'on confond les sujets. On ne me demande pas de parler de laïcité, on veut que je parle d'islam", affirme-t-il dans cet entretien enregistré lors de son vol retour de La Réunion vendredi.
Accusé d'inertie ou de complaisance par l'opposition de droite, le chef de l'Etat promet toutefois des mesures "dans les semaines qui suivent" contre le communautarisme musulman.
"Le communautarisme ça n'est pas le terrorisme, beaucoup de gens là aussi confondent. Mais c'est le fait que dans certains endroits de notre République il y a un séparatisme qui s'est installé, c'est-à-dire la volonté de ne plus vivre ensemble, de ne plus être dans la République, et au nom d'une religion, l'islam, en la dévoyant", a détaillé le chef de l'Etat, en appelant à renforcer l'action de l'Etat sur ce terrain.
"Ce qui veut dire avoir des mesures d'interdiction ; ce qui veut dire dissoudre parfois certaines associations encore davantage ; ce qui veut dire interdire certaines pratiques qui se sont installées et qui ne sont pas conformes aux lois de la République", et en résumé "être intraitable avec les lois de la République", a-t-il insisté.
Réforme de l'islam "à bas bruit"
Parallèlement, le président rencontre lundi les représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM) pour faire avancer la réforme de l'islam menée, selon lui, "à bas bruit" depuis plusieurs mois et récemment mise en suspens.
"Il faut voir comment nos concitoyens dont la religion est l'islam peuvent vivre tranquillement leur religion en respectant absolument toutes les lois de la République", explique le chef de l'Etat, après une nouvelle polémique sur le port du voile, relancée par un élu RN de Bourgogne-Franche-Comté.
Le Sénat examinera mardi une proposition de loi des Républicains (LR) visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires. Selon un sondage Ifop-JDD, trois Français sur quatre sont favorables à une telle interdiction.
Les représentants musulmans crient, eux, à l'amalgame et entendent faire part au chef de l'Etat de leur "inquiétude" sur la question du voile devenue, selon eux, "une affaire hystérique menée par certains hommes politiques".
"Nous sommes des citoyens français, nous respectons les valeurs de la République", a expliqué dimanche à l'AFP Abdallah Zekri, délégué général du CFCM et président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, à la veille de la rencontre avec M. Macron.
Dimanche, plusieurs centaines de personnes se sont d'ailleurs rassemblées à Paris pour dire "stop à l'islamophobie" et dénoncer une instrumentalisation politique du débat.
Selon M. Zekri, "ce débat sur le voile dure depuis 1989, il faut qu'on arrête, que le président prenne une position ferme là-dessus".
Lors de son voyage à la Réunion, Emmanuel Macron avait estimé que le port du voile dans l'espace public n'était pas "l'affaire de l'Etat".
"Dans les services publics, il y a un devoir de neutralité. Quand on éduque nos enfants, on demande qu'il n'y ait pas de signe religieux ostentatoire. Après, ce qui se passe dans l'espace public, c'est pas l'affaire de l'Etat ou du président de la République", avait-il dit jeudi sur la chaîne Réunion la 1ère.
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