"C'est cette semaine que se joue le futur de la démocratie", selon Waldo Albarracín, à la tête du collectif de l'opposition regroupant partis politiques de droite, du centre et société civile "Coordination de défense de la démocratie".
Ce groupe dont fait partie Carlos Mesa, le principal rival d'Evo Morales à la présidentielle, a "exigé" dimanche "l'annulation de l'élection" et réclamé la mise en place d'un nouveau tribunal électoral, "impartial, cette fois-ci".
Pour ses membres, "la fraude électorale que nous dénonçons et qui a été prouvée techniquement et juridiquement rend impossible la tenue d'un second tour".
Le mouvement de colère doit, selon eux, s'amplifier et gagner La Paz, la capitale du pays.
Dimanche soir, lors d'un discours à La Paz, Carlos Mesa, qui a gouverné la Bolivie entre 2003 et 2005, a exhorté ses partisans à envahir les rues de la capitale, où siègent les institutions et le gouvernement.
"Le peuple de La Paz doit demain à partir de 5h du matin relever un défi historique: celui de répondre à la convocation de l'Histoire (...) Demain, nous allons commencer une grève qui va montrer à Evo Morales la force de La Paz et la force de la Bolivie", a-t-il déclaré.
Le maire de la ville, Luis Revilla, proche de Mesa, a lui auss averti : "La grève sera importante à partir de lundi, avec des blocages et des manifestations pacifiques".
C'est aussi là qu'Evo Morales a prévu de célébrer sa victoire, au milieu d'une autoroute qui rallie le centre à la zone sud de la ville. Le mot d'ordre des manifestants anti-Morales est de se retrouver là-bas, "pacifiquement".
"J'avertis le peuple bolivien. Plusieurs acteurs sociaux se préparent à mener un coup d'Etat cette semaine", a mis en garde dimanche Evo Morales, 60 ans.
"Que disent-ils ? (...) Dehors Evo Morales ! Alors que nous avons gagné avec plus de 10% d'écart au premier tour...", a déclaré le chef de l'Etat, réélu une semaine plus tôt avec une avance de plus de dix points sur son adversaire Carlos Mesa lui permettant de s'imposer dès le premier tour.
Son ministre de l'Intérieur Carlos Romero a surenchéri, expliquant que l'opposition appelait "à l'affrontement (...) à s'emparer des institutions publiques, afin d'en déloger le gouvernement. C'est un appel au coup d'Etat".
Pas de négociation
Jusqu'à présent, les manifestations se sont concentrées dans des villes comme Santa Cruz, la capitale économique du pays et bastion de l'opposition ainsi que Potosi (sud-ouest) et Sucre (sud-est).
A Santa Cruz, les Boliviens ont envahi les supermarchés, désormais soumis à des horaires d'ouverture partiels avec la grève commencée mercredi, pour s'approvisionner.
A la contestation nationale s'ajoute celle des Boliviens expatriés en Espagne, Argentine, Pérou ou aux Etats-Unis qui se mobilisent eux aussi lors de rassemblements pour réclamer un second tour.
En réaction, plusieurs syndicats paysans et indigènes proches du président ont menacé de "fermer les villes" et de stopper leur approvisionnement en nourriture si la grève anti-Morales continuait.
Dimanche soir, un puissant syndicat paysans pro-Morales, la confédération unique des travailleurs paysans (CSUTCB), a mis cette menace à exécution en décrétant un blocage des routes à partir de lundi "afin de défendre la démocracie et le vote indigène".
Si l'invitation d'Evo Morales à effectuer un audit de l'élection réalisé par l'Organisation des Etats américains (OEA) a été accepté par son secrétaire général, aucune précision sur la date et les conditions de cette mission n'a été avancé, plus d'une semaine après le scrutin .
Les Etats-Unis, le Brésil, l'Argentine et la Colombie ont en outre demandé qu'un second tour de l'élection présidentielle bolivienne ait lieu au cas où l'OEA "ne serait pas en mesure de vérifier les résultats du premier tour".
Dimanche, Evo Morales a balayé cette éventualité en excluant toute "négociation politique".
"Ici on respecte la Constitution et on respecte le parti qui a gagné les dernières élections", a-t-il asséné.
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