Par ailleurs, le parti issu de l'ex-guérilla Farc se présentait devant les urnes pour la deuxième fois depuis l'accord de paix de 2016.
Claudia Lopez, 49 ans, candidate de centre gauche, a été élue maire de la capitale colombienne, qui compte 7,2 millions d'habitants, à l'issue de ce scrutin visant à renouveler autorités municipales et départementales.
"Nous changeons l'histoire!", a lancé cette ex-sénatrice, opposante déterminée de la droite conservatrice qui gouverne le pays depuis un peu plus d'un an. Bien que favorable au processus de paix, elle a refusé toute alliance avec le parti Farc, en raison du passé violent des ex-guérilleros.
Claudia Lopez a obtenu 35,23% des voix lors d'une lutte serrée avec le libéral Carlos Fernando Galan (32,47%), selon des résultats portant sur 99,41% des bulletins dépouillés.
Sa victoire ouvre un nouveau chapitre dans une Colombie traditionnellement dirigée par des hommes des élites libérale et conservatrice.
"Etre femme n'est pas un défaut, être une femme de caractère, ferme (...) n'est pas un défaut. Etre gay n'est pas un défaut, être fille d'une famille modeste n'est pas un défaut", déclarait-elle la semaine dernière lors d'un entretien avec l'AFP.
Scrutin d'un calme inédit
"Cela a été les élections les plus pacifiques de ces dernières années", a déclaré le responsable national de l'organisation du scrutin, Juan Carlos Galindo, à la clôture des bureaux de vote.
Le président Ivan Duque a fait état d'un bilan "positif" à l'issue de ces élections locales comptant "le plus de candidats de l'histoire" de la Colombie.
Quelque 36,6 millions d'électeurs étaient appelés à désigner maires, gouverneurs de départements et assemblées locales parmi 116.428 candidats, dont 37% de femmes. Les nouveaux élus prendront leurs fonctions le 1er janvier.
D'importantes forces armées avaient toutefois été déployées, du fait de menaces dans les régions où opèrent encore des groupes armés et des narco-trafiquants.
La campagne avait été marquée par une forte violence dans 27% des municipalités, selon la Mission d'observation électorale (MOE).
Depuis la clôture des candidatures le 27 juillet, cet organisme indépendant a fait état de sept candidats assassinés, 88 menacés, 12 visés par des attentats et un enlevé, représentant la quasi totalité des partis.
Au total 2.065 candidats bénéficiaient d'une protection financée par le gouvernement.
Les Colombiens devaient désigner 1.101 maires et conseils municipaux, ainsi que les gouverneurs des 32 départements du pays et leurs assemblées.
C'était la deuxième fois que se présentait devant les urnes le parti issu des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), qui ont signé la paix le 24 novembre 2016 avec le gouvernement de l'ancien président Juan Manuel Santos.
Survie du parti Farc
Après les législatives de l'an dernier où elle n'a obtenu que 0,27% des voix, la Force alternative révolutionnaire commune (Farc), fondée par la rébellion marxiste dissoute, jouait sa survie. Elle n'a participé qu'avec 308 candidats, la majorité comme conseillers municipaux, et seulement 18 à un mandat de maire.
"Que la paix l'emporte", a lancé son chef, Rodrigo Londoño.
Selon la Farc, 168 ex-guérilleros et proches d'anciens rebelles ont été assassinés depuis l'accord de paix, qui a mis fin à plus de 52 ans de confrontation armée entre la guérilla et l'Etat colombien.
La corruption, qui se traduit par l'opacité du financement des campagnes, l'achat de votes ou les interférences de représentants du gouvernement, était un autre des enjeux du scrutin.
La MOE a signalé avoir reçu 898 signalements de possibles irrégularités dans 30 départements et 238 municipalités, dont Bogota.
Le gouvernement a mis en oeuvre une plate-forme électronique pour suivre en temps réel les dénonciations de fraude.
Alors que le président Duque pâtit d'une forte impopularité (64% d'opinions défavorables en août), ce scrutin était aussi un test pour son parti, le Centre démocratique dirigé par son mentor, l'ex-président Alvaro Uribe (2002-2010), poursuivi en justice pour manipulation de témoins contre un opposant.
Ces élections étaient toutefois dominées par la présence de candidats de coalitions dans 66% des municipalités plutôt que par les partis traditionnels, selon le ministère de l'Intérieur.
Si l'accord de 2016 a fait baisser l'intensité du conflit, la Colombie reste déchirée par une guerre interne de plus d'un demi-siècle, avec la présence de l'Armée de libération nationale (ELN), dernière guérilla active, de dissidents des Farc qui ont refusé le pacte de paix, et de gangs de narco-trafiquants.
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