De manière générale, ce scrutin visant à renouveler le Parlement du Land de Thuringe, dans l'ex-RDA, promet au vu des sondages de constituer un nouveau camouflet pour les deux partis formant une coalition gouvernementale au niveau national, les conservateurs d'Angela Merkel (CDU) et les sociaux-démocrates du SPD.
Les premières estimations sont attendues vers 16h00 GMT.
Ces deux partis ayant dominé la vie politique allemande depuis la guerre ont déjà subi d'importants revers lors d'élections locales dans le Brandebourg et en Saxe début septembre, au profit du parti d'extrême droite AfD et des écologistes.
La situation en Thuringe est particulière: il s'agit du seul Land en Allemagne dirigé par la gauche radicale Die Linke.
A sa tête, Bodo Ramelow avait réussi en 2014, et après 24 ans de pouvoir ininterrompu de la CDU, à conquérir cette région industrielle de 2,1 millions d'habitants, qui économiquement se porte plutôt mieux que la moyenne de l'ex-RDA grâce à l'industrie automobile et l'électronique.
Modéré
Cet ancien syndicaliste a opté pour une politique pragmatique, n'hésitant pas à privilégier des thématiques chères aux conservateurs comme la sécurité et à s'éloigner des slogans les plus radicaux de son parti.
Créditée dans les sondages de quelque 28% des voix, soit autant qu'en 2014, la gauche radicale pourrait à nouveau arriver en tête dimanche soir, sans pouvoir toutefois continuer à gouverner.
La cause: les mauvaises performances attendues de ses partenaires de coalition actuels, les écologistes et le SPD, qui pourraient récolter moins de 10% des voix.
Car dans le même temps, les enquêtes pronostiquent une forte poussée du parti anti-migrants et anti-Merkel AfD, crédité d'entre 21 et 24%. Il pourrait ainsi plus que doubler son score de 2014, confirmer la progression électorale continue du mouvement et compliquer la donne.
L'AfD, avec qui aucune autre formation ne veut gouverner, risque de rendre en effet impossible la constitution d'une coalition majoritaire en Thuringe.
Les conservateurs de la chancelière, qui ne veulent pas non plus partager le pouvoir avec la gauche radicale, pourraient devoir prendre la tête d'un gouvernement minoritaire.
La campagne s'est déroulée dans une atmosphère très tendue, avec accusations d'un côté envers la rhétorique de l'AfD, et de l'autre menaces de mort à l'encontre de candidats opposés à l'extrême droite.
L'attentat de Halle dans la région voisine de Saxe-Anhalt début octobre, lors duquel un néo-nazi allemand a tué deux personnes et tenté de commettre un massacre dans une synagogue, a mis l'AfD sous pression.
Son candidat Björn Höcke, 47 ans, représentant de l'aile la plus droitière du parti, est accusé par ses détracteurs d'avoir idéologiquement nourri le regain actuel de l'antisémitisme dans le pays par ses déclarations répétées visant à rompre avec la culture de repentance des crimes nazis, fondement de l'après-guerre dans le pays.
Dérapages
Marié et père de quatre enfants, cet ancien professeur de lycée avait qualifié en 2017 le Mémorial de la Shoah à Berlin de "monument de la honte".
Il a aussi défendu l'idée d'une "Allemagne millénaire", une manière de signifier que l'histoire nationale dépasse la seule période nazie.
Tous ses meetings électoraux polarisent: presque systématiquement, des contre-manifestants, séparés par un cordon policier des sympathisants venus l'écouter, viennent perturber ses discours.
La chancelière Angela Merkel, elle-même cible régulière de l'ultra-droite pour sa politique généreuse d'accueil des migrants en 2015 et 2016, a exhorté après l'attentat de Halle les extrémistes à surveiller leurs "paroles" qui peuvent "se transformer en actes".
Son parti avait déjà mis en cause en juin l'AfD dans l'assassinat par un néonazi d'un élu pro-migrants du mouvement de la chancelière, Walter Lübcke.
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