Le 16 octobre, il n'y avait qu'un conducteur - avec une soixantaine de passagers - à bord du TER qui avait percuté un convoi routier exceptionnel, bloqué sur un passage à niveau. Blessé, sans système d'alerte opérationnel dans sa cabine de conduite à cause du choc, il avait dû sécuriser seul les abords pour éviter un sur-accident avec un autre train.
Cette collision avait entraîné une vague d'arrêts de travail de conducteurs et contrôleurs dans toute la France, sur la base du droit de retrait (possibilité de cesser le travail en cas de danger grave et imminent, ou de défectuosité des systèmes de protection). Direction et gouvernement y avaient vu une grève illégale. Le trafic avait été très perturbé en plein week-end de départs en vacances.
"Il n'y a tout simplement pas de différence de niveau de sécurité, que ce soit pour les clients ou pour les agents, entre configuration sans contrôleur et configuration avec contrôleur", a insisté M. Pepy vendredi, balayant dans un entretien aux journaux du groupe Ebra la revendication des cheminots qui réclament des contrôleurs dans tous les trains.
"Les trains conçus pour être conduits en agent seul ont des équipements spéciaux" et "le conducteur est spécialement formé pour conduire seul", détaille-t-il. La sécurité est "garantie" par "une homologation stricte du matériel par l'autorité indépendante de sécurité (EPSF)".
M. Pepy, qui laissera la semaine prochaine la présidence de la SNCF à Jean-Pierre Farandou, a cependant retenu du rapport interne sur cette collision des pistes pour "encore mieux protéger" dans ces TER "les équipements d'alerte".
En plus d'un renforcement du matériel d'alerte radio des autorails grande capacité (AGC, le type de TER accidenté dans les Ardennes), la direction a retenu plusieurs autres "premières actions" à mettre en œuvre, a-t-elle indiqué dans un courrier publié en même temps que le rapport de sa Direction des audits sécurité.
"Je siffle, je freine, j'alerte"
Le groupe va "comparer deux solutions transitoires" pour "pallier le risque de perte de radio et dans l'attente des renforcements définitifs du matériel AGC". Il va aussi, "après concertation" avec les organisations syndicales, "renforcer la documentation" à disposition des conducteurs avec une nouvelle "fiche réflexe" sur les "actions à mener" en cas d'accident. Et une "analyse de risques" sera réalisée pour "identifier, le cas échéant, de nouvelles pistes d'amélioration de la sécurité".
Selon le rapport, "le passage à niveau a bien fonctionné", le conducteur "a appliqué la réglementation", la cabine de conduite "a résisté au choc" et "les secours alertés sont intervenus dans les meilleurs délais".
Mais, si le conducteur avait utilisé le dispositif d'alerte avant la collision, il "aurait fonctionné", a souligné le directeur général sécurité de la SNCF, Frédéric Delorme.
"Le fait d'alerter avant l'accident, c'est la meilleure garantie. Il faut avoir ce réflexe avant le choc. C'est une bien meilleure chance d'arrêter plus tôt" les autres trains et éviter le sur-accident, a-t-il expliqué à des journalistes. "De tout accident, on apprend. Nous allons travailler sur une +fiche réflexe+ cet après-midi (vendredi) avec les organisations syndicales."
Objectif: "Aujourd'hui, c'est +je siffle, je freine, je siffle+. Demain, il faudrait +je siffle, je freine, j'alerte+", avant la collision.
Côté syndicats, SUD-Rail a qualifié d'"irresponsable" la direction de la SNCF, dont les premières décisions sont "très loin d'être à la hauteur des demandes des usagers, des revendications des cheminots et des problèmes de sécurité ferroviaire", après "un accident ferroviaire majeur".
"Croire que la modernité du matériel suffirait à compenser l'absence de contrôleur est un leurre", affirme le syndicat dans un communiqué.
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