Pour sa quatrième journée dans l'Océan indien, le chef de l'Etat s'est rendu dans une ferme de Petite-Ile, au sud de La Réunion, pour échanger avec les représentants des filières agricoles.
Accueilli par l'exploitant qui élève cochons, chèvres et moutons, le chef de l'Etat s'est assis à une table dressée en plein air où l'attendaient les intersyndicales agricoles de l'île ainsi que le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume. La filière représente 40.000 emplois, avec l'exportation d'ananas, de litchis, de rhum et de sucre.
"Le modèle réunionnais est un succès, je crois qu'on peut atteindre l'autonomie alimentaire", a dit le chef de l'Etat aux producteurs. Il a aussi évoqué un fonds d'aide de 45 millions d'euros pour les producteurs, notamment pour la canne à sucre et le boeuf, avant d'aller caresser agneaux et moutons.
La veille, au nord de l'île, des heurts entre une centaine de jeunes et des forces de l'ordre ont éclaté dans la commune du Port, à 20 kilomètres de Saint-Denis. Des jets de pierres et des tirs de lacrymogène ont été échangés et des voitures brûlées. Dans le quartier du Chaudron à Saint-Denis, un fast-food à été caillassé, sans faire de blessés.
La veille, Emmanuel Macron était allé au contact des Réunionnais lors d'une visite surprise, comme il aime à le faire, dans un quartier rénové de Saint-Denis.
Délaissant le parcours prévu, il a répondu longuement à des Réunionnais parfois en grandes difficultés qui lui demandaient des comptes.
"Y a pas de travail, Monsieur. Comment on fait avec 790 euros par mois ?" lui a demandé une femme. "Je suis au chômage, je suis au bout", lui a lancé une autre, au bord des larmes, et le chef de l'Etat a demandé au préfet d'examiner son dossier. Plusieurs l'ont accusé de venir chercher des voix. "Mais je ne suis candidat à rien!", a rétorqué le président.
"Qu'avez vous dans votre besace pour nous, j'ai traversé la rue, il n'y a rien", s'est désolé un jeune, en allusion à la petite phrase du chef de l'Etat l'an dernier. "Education, formation", lui a répondu le chef de l'Etat.
Critiques du RN
Marine Le Pen, arrivée en tête aux européennes à la Réunion et Mayotte, a estimé vendredi sur France 2 qu'il s'agissait "d'un voyage pour rien" où Emmanuel Macron a "proposé des vieilles méthodes qui ne fonctionnent pas".
A la Réunion, "il ne tient pas du tout compte de la spécificité de l'outre-mer et des problèmes de la vie chère", selon la présidente du RN qui a aussi estimé qu'il n'avait pas répondu au problème de l'immigration et de l'insécurité à Mayotte. "Les Réunionnais et les Mahorais sont éminemment déçus du voyage du président de la République qui m'apparaît comme plutôt électoraliste", a-t-elle accusé.
Attentif à désamorcer la tension toujours vive dans ce territoire de plus de 850.000 habitants, dont 40% vivent sous le seuil de pauvreté, le président Macron a pourtant dévoilé jeudi un plan pour l'emploi et la formation de 700 millions d'euros sur 3 ans.
Notamment, le dispositif des emplois francs qui octroie une prime aux employeurs de chômeurs sera étendu à toute l'île, le cumul du RSA et de l'emploi à temps partiel autorisé et 12.000 emplois aidés par an maintenus. De plus, le RSA, jusqu'ici à la charge du département, sera à partir de 2020 payé par l'Etat, comme à Mayotte et en Guyane.
Ces aides s'ajouteront à l'exonération des charges patronales jusqu'à deux fois le SMIC dans certains secteurs, une mesure votée jeudi par l'Assemblée, à la demande du chef de l'Etat.
Ces annonces n'ont pas suffi à rassurer les habitants dont le revenu médian est inférieur de 30% au niveau national (AFD, 2015).
Le président a aussi rencontré une cinquantaine de participants à des "représentations citoyennes" mises en place dans le sillage de la crise des "gilets jaunes" de 2018. Mais l'appel à la "grève générale" pour dénoncer "la situation sociale" n'a pas été suivi.
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