"Pour l'instant c'est du vent", "Droit dans ses bottes": les unes des quotidiens locaux étaient circonspectes jeudi matin, après de premières annonces la veille pour renforcer l'attractivité du territoire, à l'issue desquelles le maire PS de Saint-Denis Gilbert Annette a dit espérer que M. Macron "répondra plus concrètement" pendant son voyage.
Un appel à la grève générale est lancé pour la journée par les syndicats qui espèrent mobiliser pour dénoncer "la situation sociale", avec un rassemblement à Saint-Denis.
Le chef de l'Etat avait admis dès son arrivée mercredi sur l'île que le territoire avait connu en 2018 "l'un des plus vigoureux" mouvements des "gilets jaunes" contre la cherté de la vie et les inégalités sociales, fruit d'une "colère qui s'est exprimée (...) sur les difficultés du quotidien".
Jeudi matin, pour "comprendre ce qui marche et ce qui ne marche pas", il a fait une visite surprise dans le quartier rénové des Camélias.
Aux habitants qui l'interpellaient, parfois vivement, en se plaignant d'"injustice sociale", du coût de la vie et du logement, de retraites trop faibles ou du "fléau" de la drogue, il a répondu emploi et éducation.
Il a dit vouloir "booster les emplois francs", dispositif visant à favoriser l'embauche de chômeurs des quartiers de la politique de la ville. "Il faut aller beaucoup plus loin pour que les jeunes et moins jeunes qui viennent des quartiers et sont chômeurs de longue durée soient très peu chers pour l'entreprise qui les embauche", a-t-il dit.
Il faut aussi continuer de diviser par deux le nombre d'élèves par classe dans les quartiers en difficultés et développer l'enseignement du français pour les enfants qui "ne le parlent pas bien" à leur arrivée à l'école, a-t-il souligné.
40% sous le seuil de pauvreté
"On nous prend pour des moutons", a lancé une femme, accusant le chef de l'Etat de venir "pour les élections" et lui demandant ce qu'il "allait faire" face à la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2022.
"Je ne sais pas ce que vous insinuez. Je ne suis pas en élection moi. Je suis en milieu de mandat, donc je suis dans l'action, au travail", lui a-t-il rétorqué.
Dans ce territoire de plus de 850.000 habitants, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le taux de chômage atteint 24%, et même 42% chez les jeunes. Et le coût de la vie pour un budget moyen de ménage réunionnais est majoré de 7,1% par rapport à la métropole, selon l'Insee, alors que le revenu médian réunionnais est inférieur de 30% au niveau national (AFD, 2015).
Le chef de l'Etat, qui avait fait un premier bain de foule à son arrivée, avec quelques centaines de personnes, sous une pluie torrentielle à Saint-Denis, aura deux nouvelles occasions d'aller aux contacts des Réunionnais jeudi.
Il doit notamment rencontrer des demandeurs d'emploi dans une mission locale de Saint-Paul (nord-ouest), et s'entretenir avec des participants aux "représentations citoyennes" mises en place après la crise des "gilets jaunes", et notamment certains qui ont été intégrés dans l'Observatoire des prix des marges et des revenus (OPMR).
Le mouvement de grève pourrait trouver un peu d'écho, à la suite de heurts entre manifestants et forces de l'ordre aux abords de l'aéroport à l'arrivée du chef de l'Etat. Des manifestants ont également brûlé une photo du président.
De son côté, Emmanuel Macron a lancé un "plan d'actions" en présence d'une cinquantaine de grands investisseurs français et étrangers, lors d'un forum économique "Choose La Réunion" ("Choisissez La Réunion"), destiné à renforcer l'attractivité du territoire et "réinscrire La Réunion pleinement" dans l'espace indo-pacifique, avec pour priorités le développement d'infrastructures physiques et numériques, la protection de la biodiversité ou encore la construction d'une filière pêche durable.
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