Le socialiste Pedro Sanchez a fait du transfert de la dépouille du "Caudillo" une priorité dès son arrivée au pouvoir en juin 2018, pour que ce mausolée ne puisse plus être un "lieu d'apologie" du franquisme.
C'est "une grande victoire de la dignité, de la mémoire, de la justice et de la réparation, et donc de la démocratie espagnole", a-t-il lancé mercredi.
Cette exhumation, retransmise en direct à la télévision, commencera à 10H30 (08H30 GMT).
La dépouille du dictateur sera transférée, par hélicoptère si le temps le permet, du mausolée du "Valle de los Caidos", situé à une cinquantaine de kilomètres de Madrid, au cimetière de Mingorubbio où repose son épouse dans le nord de la capitale espagnole.
Promise pour l'été 2018, l'opération a été retardée de plus d'un an par les recours en justice successifs des descendants du dictateur qui avait pris la tête d'un soulèvement militaire contre le gouvernement républicain élu et aboli la république après sa victoire, suivie d'une répression sanglante.
A moins de trois semaines des législatives du 10 novembre, les détracteurs de M. Sanchez à droite comme à gauche l'accusent d'en faire un argument électoral, alors qu'une semaine de manifestations violentes en Catalogne ont mis le socialiste en difficulté. Le leader de la gauche radicale de Podemos, Pablo Iglesias, a ironisé sur la "momie (de Franco) sortie" juste avant les élections.
Tombe toujours fleurie
Ordonnée par Franco en 1940 pour célébrer sa "glorieuse Croisade" catholique contre les républicains "sans Dieu", la construction du "Valle de los Caidos" (la vallée de ceux qui sont tombés) a duré près de vingt ans et été réalisée notamment par des milliers de prisonniers politiques. Ce complexe comprenant une basilique creusée à même la roche est surplombé par une croix de 150 mètres de haut visible à des dizaines des kilomètres à la ronde.
Au nom d'une prétendue "réconciliation nationale", le "Caudillo" y avait fait transférer les corps de plus de 30.000 victimes de la guerre civile: des franquistes mais aussi des républicains, sortis de cimetières et de fosses communes sans que leurs familles en aient été informées.
Depuis sa mort en 1975, la tombe du dictateur, située au pied de l'autel de la basilique, y était toujours fleurie.
Vent debout contre cette exhumation, les héritiers de Franco ont mené une guerilla judiciaire et tenté de le faire enterrer dans la cathédrale de l'Almudena en plein centre de Madrid, où gît la fille du dictateur, mais se sont heurtés au refus de la justice.
A l'appel de la Fondation Francisco Franco, qui défend l'héritage du dictateur, ses nostalgiques comptaient se rassembler jeudi à Mingorrubio mais cette manifestation a été interdite.
Vote du parlement en 2017
Le gouvernement de Pedro Sanchez agit sur la base d'un vote en 2017 du parlement espagnol demandant l'exhumation de Franco, mais resté lettre morte en raison de l'opposition du gouvernement conservateur de Mariano Rajoy (Parti populaire), dont les députés s'étaient abstenus.
Depuis l'adoption en 2007 par un précédent gouvernement socialiste d'une "Loi de mémoire historique", la droite ne cesse d'accuser la gauche de vouloir rouvrir les blessures du passé qui sont loin d'être refermées.
M. Rajoy, au pouvoir de 2011 à 2018, se vantait publiquement de ne pas avoir dépensé un euro pour appliquer cette loi visant à faire retirer les vestiges de la dictature, à identifier les dizaines de milliers de corps jetés dans des fosses communes et à réhabiliter la mémoire des républicains vaincus et condamnés sous le franquisme.
Et l'exhumation de Franco, qualifiée encore mercredi de "profanation" par un éditorialiste du quotidien conservateur ABC, a souligné ces divisions.
"Que se passera-t-il ensuite ? (...) Les paroisses du quartier brûleront-elles comme en 1936?" au début de la guerre civile, a déclaré début octobre la présidente de droite de la région de Madrid, Isabel Diaz Ayuso, déclenchant la polémique.
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