Le président du Conseil européen Donald Tusk a recommandé aux Etats membres de l'UE d'accepter un troisième report, cette fois jusqu'au 31 janvier, après un vote des députés britanniques qui ont accepté le principe de l'accord tout en rejetant le calendrier imposé par Boris Johnson pour l'adopter.
Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, dont le pays est en première ligne dans le dossier du Brexit, a apporté un soutien de poids à Donald Tusk. Les deux hommes ont "souligné qu'il serait toujours possible pour le Royaume-Uni de sortir (de l'UE) avant le 31 janvier 2020 si l'accord de retrait était ratifié avant cette date", selon un communiqué de Dublin.
Berlin ne s'opposera pas à un nouveau report de la date du Brexit, a annoncé mercredi le porte-parole de la chancelière Angela Merkel. La demande de troisième report "n'échouera pas à cause de l'Allemagne", a déclaré Steffen Seibert, sans vouloir pour l'instant se prononcer sur la possible durée d'un tel délai.
A Paris, la secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Amélie de Montchalin avait après le vote à Londres estimé qu'une prolongation "purement technique de quelques jours" était envisageable mais refusé "une extension destinée à gagner du temps ou à rediscuter de l'accord".
L'épineux sujet doit être abordé par les ambassadeurs auprès de l'UE à Bruxelles en fin de journée, lors d'une réunion destinée à prendre la température des 27 sur le sujet.
"Il n'y a pas de garantie que les 27 acceptent la recommandation de Tusk car il y a une lassitude", souligne une source européenne.
Et si Donald Tusk a recommandé que la décision des Etats membres se fasse par le biais d'une "procédure écrite", un nouveau sommet n'est toutefois pas à écarter "s'il y a trop de divergences", selon cette source, qui évoque la date de lundi.
"Sortir de l'impasse"
Le président du Parlement européen David Sassoli s'est rangé lui aussi à la position de Donald Tusk : cette "extension permettra au Royaume-Uni de clarifier sa position et au Parlement européen", qui doit adopter l'accord de retrait après une ratification à Westminster, "d'exercer son rôle", a-t-il dit.
Le Royaume-Uni, qui s'est prononcé par referendum en juin 2016 pour une sortie de l'UE, devait initialement partir le 29 mars, une date déjà repoussée à deux reprises (12 avril, 31 octobre).
Face au double vote de la Chambre des communes, le Premier ministre britannique a annoncé qu'il suspendait l'examen de l'accord par le Parlement jusqu'à ce que l'Union européenne prenne une décision sur un report de la date du divorce.
Si les 27 décident d'accorder à Londres un report de trois mois, il pourrait tenter de déclencher des élections législatives anticipées. Un tel scrutin "semble être le seul moyen de sortir de l'impasse", a souligné sur la BBC le ministre de la Justice Robert Buckland.
"Notre position reste que nous ne devrions pas faire de report, que nous devrions quitter l'UE le 31 octobre", a martelé M. Johnson mardi devant le parlement. Le dirigeant conservateur avait toutefois été contraint par une loi de demander à Bruxelles un report à fin janvier.
Le Labour, principal parti d'opposition, a répété ces dernières semaines qu'il soutiendrait l'organisation d'un scrutin dès que le risque d'une sortie sans accord serait écarté.
Les derniers sondages donnent aux conservateurs dix points d'avance devant les travaillistes (35% contre 25%). Si cette tendance se confirmait dans les urnes, les conservateurs auraient une majorité de 20 sièges, a expliqué le spécialiste des sondages John Curtice sur la BBC. Boris Johnson a perdu sa majorité depuis le mois de septembre.
L'accord trouvé jeudi entre Londres et Bruxelles règle les conditions du divorce après 46 ans de vie commune et permet une sortie négociée assortie d'une période de transition courant au moins jusqu'à fin 2020.
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