"L'équipe olympique de la Fédération de Russie sera privée d'une participation pleine et entière aux JO de Tokyo, et je pense que ce sera le cas aussi en Chine. Les sportifs ne participeront pas sous leur drapeau et à part entière à Tokyo. C'est ce que je pense", dit dans un entretien exclusif à l'AFP le chef de Rusada, Iouri Ganous.
La Russie a déjà été bannie de plusieurs compétitions internationales ces dernières années en raison d'un scandale de dopage institutionnel. Dès lors, au mieux, une participation limitée "de certains de nos athlètes sur invitation" est possible, comme lors des Jeux 2018 à Pyeongchang, juge le responsable.
Selon lui, comme en Corée du Sud, le drapeau russe ne sera pas hissé aux JO d'été 2020 au Japon et d'hiver 2022 à Pékin.
Autres sanctions attendues: des restrictions dans l'organisation en Russie de compétitions internationales, l'exclusion de ressortissants russes des fédérations internationales et des amendes.
Complot d'Etat ?
En septembre, l'AMA avait demandé à la Russie de s'expliquer sur des "incohérences" dans les données antidopage électroniques de l'ancien laboratoire de Moscou, laissant supposer une manipulation.
Or, la transmission de ces données début 2018, un geste de transparence, devait marquer le retour à une relation de confiance, après le scandale lié au dopage institutionnel qui a sévi dans le pays de 2011 à 2015 avec l'aide du dit laboratoire.
Si le ministre russe des Sports, Pavel Kolobkov a envoyé ses réponses à l'AMA le 8 octobre, pour Iouri Ganous l'ampleur des manipulations est telle que ces explications seront probablement insuffisantes.
Il reconnaît néanmoins que le gouvernement ne lui a pas remis ce rapport.
Mercredi, le comité de révision de la conformité (CRC) de l'AMA, qui est habilité à recommander des sanctions, doit rencontrer des experts ayant travaillé sur le dossier.
Installé dans son bureau à Moscou décoré d'affiches de promotion du sport propre et de mots de soutien de ses homologues étrangers, Iouri Ganous affirme que Rusada est étrangère à l'affaire, car elle n'avait pas accès à la base de données incriminée.
Pour lui, ce sont des responsables hauts placés qui ont commis le forfait car les données étaient "sous le contrôle du Comité d'enquête" russe.
Cette puissante institution judiciaire mène les investigations criminelles contre des responsables de l'ancien laboratoire impliqués dans le dopage institutionnel.
La Russie boit donc triplement le "calice": l'avenir du sport est hypothéqué, "l'enquête criminelle est ruinée" et "l'autorité de l'Etat" est discréditée car le retour de la Russie aux compétitions internationales était érigé en priorité.
M. Ganous sous-entend que certains dirigeants ont voulu protéger des champions dont le recours à des substances interdites aurait autrement été découvert.
"Quels étaient les noms (des sportifs)? Que montraient ces données? Ce qu'il y a dans cette base, ce sont des informations liées aux analyses (antidopage) des sportifs", dit-il.
Et "qui étaient ces gens qui ont pu pénétrer dans le comité d'enquête, de quelles prérogatives étatiques disposaient-ils? C'est gravissime", ajoute-t-il, semblant évoquer un complot d'Etat, d'autant que les manipulations sont intervenues "la veille du transfert (de données) à l'AMA".
Soutien de Poutine ?
"C'est un coup porté à la génération actuelle de sportifs et aux générations à venir", "une tragédie".
C'est pour cela, dit-il, qu'il multiplie les attaques contre les autorités sportives et accuse les médias russes de chercher à le discréditer ou d'inventer une conspiration occidentale.
"Toutes mes déclarations visent à ce que les bonnes décisions soient prises, la Russie ne peut plus continuer avec ces vieilles méthodes."
"Il faut se débarrasser de l'idée que l'Occident cherche à faire pression (...) . La Russie doit mettre de l'ordre dans sa propre maison", martèle-t-il.
Il faut de "nouveaux dirigeants des organisations sportives", estime M. Ganous, "y compris" un nouveau ministre des Sports.
Dans ce combat, "j'attends un soutien du président" Vladimir Poutine.
Pour Iouri Ganous, qui devait sortir son pays de l'ornière lorsqu'il a pris la tête de Rusada en 2017, la Russie est à la croisée des chemins.
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