Alors que le lent décompte des votes se poursuivait dans la nuit de mardi à mercredi, le chef de l'Etat socialiste devait donner une conférence de presse à 07H00 (11H00 GMT). Il ne s'est pas exprimé publiquement depuis dimanche soir.
Dans l'est du pays, Luis Fernando Camacho, le président de l'influent Comité Pro-Santa Cruz, une organisation de la société civile établie à Santa Cruz, capitale économique du pays et bastion de l'opposition, a donné le coup d'envoi mardi soir de la grève nationale. Il a donné jusqu'à mercredi midi aux autorités électorales pour confirmer qu'il y aurait un second tour.
En réponse, un groupe de syndicats ouvriers et paysans proches du pouvoir, la Conalcam, a enjoint ses militants à défendre les résultats officiels et appelé à un rassemblement mercredi à La Paz qui devrait être une démonstration de force en soutien à M. Morales.
Signe du malaise entourant le dépouillement, le vice-président du Tribunal suprême électoral bolivien (TSE), Antonio Costas, a annoncé mardi sa démission en critiquant le système de décompte.
De nouveaux incidents ont éclaté mardi soir à La Paz, où des manifestants ont affronté la police à proximité de l'hôtel où se trouve l'autorité électorale. "Non, non, non, je n'ai pas envie de vivre dans une dictature, comme au Venezuela !", scandaient-ils, dressant des barricades.
Lundi à Sucre (sud-est), la capitale constitutionnelle, et à Potosi (sud-ouest) la foule a mis le feu au tribunal électoral départemental. Dans le même temps, des affrontements avec la police se sont produits à La Paz (ouest) et le local de campagne du parti au pouvoir a été saccagé à Oruro (ouest). Un troisième tribunal électoral a été incendié dans la nuit à Cobija (nord).
- "Inquiétude et surprise" -
Alors que les premiers résultats partiels, dimanche soir, pointaient vers un second tour inédit entre M. Morales et son principal adversaire, le centriste Carlos Mesa, de nouveaux résultats diffusés lundi par l'autorité électorale donnaient quasiment la victoire au chef de l'Etat sortant, suscitant des soupçons de fraude de la part de l'opposition et des observateurs internationaux.
Pendant ce temps, l'autre système parallèle de dépouillement, le décompte officiel et définitif des procès-verbaux, touchait à sa fin. Vers 00H00 (04H00 de mercredi), à 96,27% des bulletins dépouillés, la page web du TSE créditait le président socialiste de 45,98% des voix, contre 37,41% à M. Mesa, soit une avance de 8,57 points de pourcentage.
Pour éviter un second tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40% des suffrages et 10 points de pourcentage d'écart sur le deuxième.
Dès lundi, les observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA) ont fait part de leur "profonde inquiétude et surprise face au changement radical et difficile à justifier concernant la tendance des résultats préliminaires".
Mardi, tentant de donner de nouveaux gages de transparence, le gouvernement a proposé aux observateurs de l'OEA de mettre en place "au plus vite, une commission pour mener un audit de tout le processus de décompte officiel". Une réunion sur la Bolivie est prévue mercredi à Washington, au siège de l'OEA.
"Nous n'allons pas reconnaître ces résultats qui font partie d'une fraude réalisée de manière honteuse et qui est en train de placer la société bolivienne dans une situation de tension inutile", a dénoncé lundi à Santa Cruz M. Mesa, qui exige un second tour.
Les Etats-Unis ont rejeté "la tentative du tribunal électoral de corrompre la démocratie bolivienne en retardant le dépouillement".
L'Union européenne a pour sa part fait part mardi de "graves préoccupations", tandis que l'Espagne a appelé à la "transparence" et au "respect des processus".
Pour la première fois, le TSE a pris la parole mardi pour se défendre. "Nous n'avons rien à cacher", a lancé la présidente Maria Eugenia Choque. "Il n'est pas possible de frauder", a ajouté Edgar Gonzales, un des magistrats du TSE, car "la population a accès aux procès-verbaux".
Sa décision de briguer un quatrième mandat, alors que les électeurs s'étaient prononcés contre lors d'un référendum en 2016, est très mal vue par une partie des Boliviens et critiquée par l'opposition, qui estime que le régime pourrait tourner à l'autocratie en cas de nouvelle victoire .
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