La décision était attendue aussi bien que redoutée par les familles des victimes du drame du Cuba Libre à Rouen (Seine-Maritime). Dans la nuit du 5 au 6 août 2016, 14 personnes avaient perdu la vie dans un incendie qui s'était déclaré au sous-sol de l'établissement. Un mois après le procès qui a duré six jours devant le Tribunal correctionnel de Rouen, le jugement a été rendu le mardi 22 octobre 2019.
Trois ans de prison ferme
Les deux prévenus, Nacer et Amirouche Boutrif, ont été reconnus coupable et condamnés à cinq ans de prison dont trois ans ferme. Ils n'ont pas été placés en mandat de dépôt, mais effectueront leur peine en maison d'arrêt. "Il n'y a pas d'aménagement de peine envisageable", selon la présidente du tribunal, Catherine Héron. Le procureur de la République de Rouen, Pascal Prache, avait requis quatre ans de prison ferme. Les deux prévenus ont également été condamnés à une interdiction définitive d'exercer dans ce type d'établissement.
À l'issue de ce jugement, certaines familles sont sorties en pleurs. "Ils ont tué mon fils, ils ont tué mon enfant et ils n'ont que trois ans, vous vous rendez compte", lance une proche de victime aux frères Boutrif, protégés par plusieurs policiers, alors que la présidente venait tout juste de quitter la salle. "On attendait au minimum cinq ans, puisque c'est ce qui est prévu dans la loi", regrette Thierry Dugnetai, le père de Florian.
Une peine non aménageable
L'homme, tremblant face aux journalistes, est soutenu par son avocate, Rose-Marie Capitaine : "Quelle que soit la peine, jamais, jamais une décision de justice ne pourra, ni remplacer votre enfant, ni même atténuer votre peine". L'avocate dieppoise souligne l'importance du fait que ce jugement ne soit pas aménageable, alors que les frères Boutrif auraient pu ne jamais être incarcérés puisqu'il s'agit de blessures et d'homicides involontaires.
Malgré tout, la douleur des familles de victimes est ravivée à l'issue de ce procès. Johnny Autin a perdu sa fille, Mégane, dans l'incendie du Cuba Libre : "Pour que ça n'arrive plus, il faut donner des peines élevées, ce qui n'est pas du tout le cas [...] La justice vient d'autoriser les tenanciers d'établissement accueillant le public à pouvoir continuer à contourner la loi". "De toute manière, la peine ne nous aurait jamais convenu", poursuit Rémy Hubert, le père de Zacharia, le DJ qui officiait au Cuba Libre.
Johnny Autin
Les frères Boutrif ont dix jours pour faire appel de la décision, mais selon leurs avocats, ils ne devraient pas utiliser ce droit. Une audience sur le plan des réparations au civil se tiendra le 24 juin 2020.
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