Depuis son retour de Bruxelles avec un accord de retrait négocié à l'arraché avec les 27, le Premier ministre conservateur voit ses plans contrariés par les députés, peu enclins à suivre la marche forcée qu'il tente de leur imposer pour éviter un divorce sans accord dans neuf jours ou un report.
Alors que Boris Johnson espérait faire adopter l'accord de sortie samedi à la Chambre des communes, les députés ont reporté leur décision et obligé ainsi le Premier ministre à demander à Bruxelles une prolongation de trois mois, qu'il espère encore éviter.
L'approbation du Parlement dépend désormais de l'adoption de la législation technique nécessaire à sa mise en oeuvre, un processus bien plus complexe.
Deux votes sont prévus mardi en fin de journée. L'un a pour objet d'apporter un soutien initial au texte qui traduit dans la loi britannique l'accord de retrait. L'autre porte sur le calendrier de son examen.
Le gouvernement souhaite le faire adopter au pas de charge, espérant finir jeudi. Ce délai très court pour voter un projet de 110 pages (assorties de notes explicatives encore plus longues) irrite les députés, et ce vote semble loin d'être acquis.
Des votes positifs mardi marqueraient un net progrès vers une sortie en douceur à la fin du mois, sans pour autant la garantir tant le chemin législatif reste semé d'embûches dans les jours à venir.
En cas de rejet en revanche, les chances d'adoption finale de la loi avant la fin du mois seraient fortement compromises, renforçant les chances d'un "no deal" dans un peu plus d'une semaine, susceptible de provoquer un chaos à la frontière et des pénuries. De quoi encourager les Européens à accorder à Londres un report, qui pourrait permettre de régler la crise actuelle par des élections anticipées.
"J'espère que le Parlement votera aujourd'hui pour reprendre le contrôle, pour que lui-même, le peuple britannique, et que le pays puisse se concentrer" sur des questions comme "le coût de la vie", le système de santé et la préservation de l'environnement, a déclaré Boris Johnson.
Les Britanniques "ne veulent plus de report, les Européens non plus et moi non plus", a-t-il ajouté dans une déclaration transmise par ses services, répétant un nouvelle fois sa volonté de quitter l'Union européenne le 31 octobre.
"Choix factice"
Devant le Parlement européen réuni à Strasbourg, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a déclaré mardi matin qu'il "regretterai(t) toujours la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne"
"Mais au moins nous pouvons nous regarder en face et dire que nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour s'assurer que ce départ est ordonné", a-t-il estimé.
Le Parlement européen sera la dernière instance à voter sur l'accord de Brexit. Les eurodéputés attendront que les députés britanniques se prononcent sur le texte de retrait. Dans l'hypothèse où tout serait prêt d'ici-là à Londres, une session extraordinaire pourrait être organisée la semaine prochaine à Bruxelles, selon le porte-parole de l'institution.
Mais à Westminster, l'opposition est en embuscade, prête à dégainer des amendements qui, s'ils étaient adoptés, modifieraient radicalement l'accord de sortie. Un amendement des travaillistes porte sur une union douanière avec l'UE, un autre introduirait un nouveau référendum.
Les travaillistes "saisiront toutes les occasions" pour "sauvegarder les droits des salariés, protéger notre économie et s'assurer que le peuple pourra avoir le dernier mot", a écrit John McDonnell, chargé des questions d'économie au sein du Labour, dans une tribune publiée dans le Daily Mirror.
Les députés ont "l'opportunité de rejeter le choix factice entre le mauvais accord de Boris Johnson et une sortie sans accord, et soutenir à la place un accord qui vaille pour tout le monde", a-t-il ajouté.
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