La rencontre des dirigeants russe et turc et de leurs délégations doit débuter dans la station balnéaire du sud de la Russie vers 13H00 (10H00 GMT) et devrait être suivie d'une conférence de presse.
Le président turc, qui réclame une zone de sécurité à sa frontière, a lancé une opération militaire début octobre dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe qu'Ankara qualifie de "terroriste" bien qu'il soit allié aux Occidentaux contre l'organisation jihadiste Etat islamique (EI).
Cette offensive est suspendue depuis jeudi, à la faveur d'une fragile trêve négociée entre Turcs et Américains. Mais cette pause expire à 19H00 GMT mardi. Après quoi, faute d'un retrait des miliciens kurdes, la Turquie redoublera son assaut.
Si Moscou a dit comprendre certaines des revendications turques, le Kremlin, acteur incontournable en Syrie, a en réalité freiné l'avancée turque, en encourageant un dialogue entre Damas et les Kurdes.
Appelées à la rescousse par les Kurdes, les forces du président syrien Bachar al-Assad, accompagnées de patrouilles militaires russes, ont ainsi repris des zones sous contrôle kurde, contrecarrant les plans d'Ankara.
"Pour nous, l'essentiel, c'est d'arriver à une stabilité durable de la Syrie et de la région et nous considérons que ça ne sera possible qu'en rétablissant l'intégrité de la Syrie", expliquait lundi un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov, interrogé sur les pourparlers Poutine-Erdogan.
Jusqu'ici le président turc réclamait une zone de sécurité de 444km le long de sa frontière avec la Syrie, mais après le retour des troupes syriennes dans le Nord-Est, cette ambition a dû être revue à la baisse afin d'éviter tout affrontement direct.
Dans un premier temps, la "zone de sécurité" turque devrait donc s'étirer entre la ville de Tal Abyad, prise par Ankara au début de l'offensive, et celle de Ras al-Aïn, dont les derniers combattants des YPG se sont retirés dimanche. Soit 120 km de long.
Pour l'agrandir, M. Erdogan devra trouver une entente avec la Russie.
Résurgence de l'EI
Outre son ambition d'éloigner les forces kurdes de sa frontière, la Turquie veut aussi réinstaller en Syrie une partie des quelque 3,6 millions de réfugiés syriens qu'elle abrite sur son territoire. Le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a avancé lundi le chiffre de "deux millions".
L'opération turque a jusqu'ici tué 114 civils et en a déplacé 300.000 autres, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Le Kremlin a pour sa part indiqué à l'agence Interfax que les discussions Poutine-Erdogan concerneraient la "lutte contre le terrorisme international".
Car les Russes, comme les Occidentaux d'ailleurs, veulent à tout prix éviter une résurgence jihadiste en Syrie. Or quelque 12.000 jihadistes de l'EI sont détenus dans les prisons des Kurdes, et une offensive turque d'envergure pourrait leur permettre de fuir.
Le président français Emmanuel Macron a de son côté prié lundi son homologue russe d'arracher lors de sa rencontre avec M. Erdogan un nouveau cessez-le-feu.
L'offensive turque a été rendue possible par le retrait militaire des Etats-Unis du nord et de l'est de la Syrie, une décision surprise et décriée du président américain Donald Trump.
M. Trump a annoncé lundi qu'il ne restait désormais qu'un "petit" nombre de soldats américains en Syrie, mais loin de la zone où l'armée turque est déployée, près de la Jordanie et d'Israël et à proximité de l'Irak.
Les Européens ont aussi dénoncé avec virulence l'offensive turque contre leurs alliés kurdes face aux jihadistes, tendant considérablement les relations avec Ankara.
"Vous arrivez à y croire ? Tout l'Occident s'est rangé aux côtés des terroristes (kurdes) et ils nous ont attaqués tous ensemble. Parmi eux, les pays de l'Otan et les pays de l'Union européenne. Tous", a tonné lundi M. Erdogan dans un discours à Istanbul.
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