Un appel à la grève illimitée à partir de mardi midi a été lancé par Fernando Camacho, le président de l'influent Comité Pro-Santa Cruz (est). Cette organisation de la société civile, fondée en 1950 regroupe représentants des quartiers, des commerces, des transports et des chefs d'entreprises de la plus grande ville de Bolivie.
"Demain, nous commençons à 12H00 à bloquer ce pays", a-t-il déclaré devant des manifestants. Il devait avant se réunir avec des représentants d'autres régions du pays.
Lundi soir, de longues files s'étaient formées aux stations-services, en prévision d'un long conflit social tandis que de violents incidents éclataient à travers la Bolivie.
A Sucre (sud-est), la capitale constitutionnelle, et à Potosi (sud-ouest) une foule a mis le feu au tribunal électoral départemental, tandis que des affrontements avec la police se produisaient à La Paz (ouest) et que le local de campagne du parti au pouvoir était saccagé à Oruro (ouest), ont rapporté La Razon digital, Los Tiempos et l'AFP.
"Fraude!", "fraude!", "fraude!", pouvait-on entendre dans certaines des vidéos mises en ligne.
Des incidents ont également été signalés dans les villes de Tarija (sud), Cochabamba (centre) et Cobija (nord) où la police a dispersé les manifestants.
Ces manifestations intervenaient après que les autorités électorales, sans aucune explication, eurent repris lundi soir le décompte rapide des voix interrompu la veille.
Lundi à 21H00 (01H00 GMT mardi), la page web du Tribunal suprême électoral bolivien (TSE) donnait Evo Morales en tête, avec 46,87% des voix, creusant l'écart avec son principal adversaire Carlos Mesa, à 36,73%, selon 95,3% des bulletins dépouillés. Soit un écart de 10,14 points de pourcentage.
- "Inquiétude et surprise" -
Pour s'imposer dès le premier tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40% des voix avec 10 points de pourcentage d'écart sur le second.
Une situation dénoncée par les observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA), présents en Bolivie pour l'élection présidentielle.
"La mission de l'OEA fait part de sa profonde inquiétude et surprise face au changement radical et difficile à justifier concernant la tendance des résultats préliminaires, après la clôture du scrutin" dimanche soir, qui ouvraient la voie à un second tour entre le président sortant Morales et son principal adversaire Carlos Mesa, selon un communiqué.
"A 20H10 hier (dimanche), par une décision de son assemblée plénière, le TSE a cessé de diffuser des résultats partiels, avec plus de 80% des bulletins dépouillés. 24 heures plus tard, le TSE a publié des chiffres avec un changement inexplicable de tendance qui modifie drastiquement l'issue de l'élection et entraîne une perte de confiance dans le processus électoral", a ajouté le texte.
Dans la soirée, Carlos Mesa a dénoncé une "fraude" et annoncé qu'il ne reconnaissait pas les derniers résultats provisoires.
"Nous n'allons pas reconnaître ces résultats qui font partie d'une fraude réalisée de manière honteuse et qui est en train de placer la société bolivienne dans une situation de tension inutile", a déclaré M. Mesa à des médias à Santa Cruz (est).
Pour l'heure, les résultats officiels n'avaient pas été proclamés.
Lundi matin, dans le hall de l'hôtel où s'est réuni le TSE, M. Mesa, 66 ans, qui revendique être au second tour, avait appelé à la "mobilisation citoyenne jusqu'à ce que le résultat final soit connu".
"Les Etats-Unis rejettent la tentative du tribunal électoral de corrompre la démocratie bolivienne en retardant le dépouillement et en prenant des décisions qui nuisent à la crédibilité des élections boliviennes", a déclaré le secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Amérique latine, Michael Kozak, dans un tweet.
La conférence épiscopale bolivienne a également appelé à "respecter la volonté du peuple".
Côté gouvernement, le ministre de la Communication Manuel Canelas a appelé à attendre le résultat final du TSE, soulignant qu'"aucun de nous n'a intérêt à faire monter la tension".
Dimanche après les élections, le chef de l'Etat de 59 ans avait dit, lui, faire confiance au vote des zones rurales pour éviter un second tour.
La décision de M. Morales de briguer un quatrième mandat, malgré le "non" lors du référendum de février 2016, est très mal vue par une partie des Boliviens et critiquée par l'opposition, qui estime que le pays pourrait verser dans l'autocratie en cas de nouvelle victoire.
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