Le chef de l'Etat, qui doit arriver à 9H30 (8H30 heure de Paris) à l'aéroport de Dzaoudzi, en Petite terre, veut faire de sa visite sur le sol mahorais l'illustration du "deuxième pilier" de sa politique sur l'immigration : "la fermeté" (le premier pilier étant l'humanité), selon l'Elysée.
Dans cet archipel de 374 km2, devenu département français en 2011, 48% des 256.000 habitants sont des étrangers, dont 95% de Comoriens, selon l'Insee. Situé à 70 km de l'île comorienne d'Anjouan, Mayotte fait figure d'eldorado pour les Comoriens, qui tentent, souvent au péril de leur vie, la traversée. En juillet, le corps d'un enfant de 5 à 6 ans a été retrouvé sur les côtes, soulevant une vive émotion.
"On attend des gestes forts (...), un vrai plan de lutte contre l'immigration clandestine, pas seulement de faire du chiffre en faisant des reconduites, explique Estelle Youssouffa, présidente d'un Collectif des citoyens de Mayotte, à l'origine du mouvement social qui avait paralysé l'île au printemps 2018, pour dénoncer notamment l'insécurité et l'immigration clandestine.
On attend par exemple que l'Etat mette fin aux permis de séjour spécifiques qui fixent la population comorienne à Mayotte" car ils ne donnent pas accès à la métropole, insiste la jeune femme.
Et pour accentuer la pression, le collectif appelle "la population à porter du blanc en signe de protestation contre le traitement qui est fait à Mayotte".
A peine arrivé, le chef de l'Etat doit embarquer à bord d'un navire intercepteur de la police aux frontières, dont le rôle est d'empêcher les kwassas-kwassas, embarcations de fortune transportant des migrants, d'accoster sur le sol mahorais.
Cet intercepteur fait partie de l'opération "Shikandra" (nom d'un poisson débonnaire qui mord quand on s'approche de son nid) contre l'immigration clandestine lancé en aout à Mayotte. A son arrivée à Mamoudzou (chef lieu), Emmanuel Macron rencontrera les forces engagées dans cette opération civilo-militaire,avant de s'adresser à la population.
"Piste longue"
"Shikandra" vise à atteindre 25.000 reconduites à la frontière fin 2019. Au 1er octobre, leur nombre s'établissait à 22.000, selon l'Elysée.
Toujours sur le même thème, le chef de l'Etat se rend dans l'après-midi à Hamjago, dans la commune de M'tsamboro, au nord-ouest de Mayotte, là où débarquent massivement les Comoriens.
C'est là, non loin d'un fief du Rassemblement national, M'tsahara, que le chef de l'Etat doit rencontrer la population et s'exprimer en fin de journée.
Auparavant Emmanuel Macron rencontrera les maires de Mayotte pour évoquer le développement économique du territoire et le "contrat de convergence", signé en juillet à Paris, qui prévoit 1,6 mds d'euros notamment pour la construction d'infrastructures scolaires et routières, l'accès à l'eau et à la Santé.
Un montant nettement insuffisant selon le collectif de Citoyens et le député Mansour Kamardine (LR), qui réclament notamment plus d'efforts pour une égalité des prestations sociales avec celles de métropole (aujourd'hui inférieures de moitié) et une "piste longue pour l'aéroport", afin de désenclaver le territoire.
Cette "piste longue" est aussi réclamée par les pompiers de l'aéroport de Mayotte, qui ont annoncé qu'ils n'assureraient pas la sécurité à l'arrivée de l'avion présidentiel, marquant aussi leur solidarité envers leurs collègues de métropole, dont une récente manifestation à Paris s'est conclue par des heurts avec les forces de l'ordre.
L'économie sera également au coeur du déplacement le lendemain à La Réunion, marquée l'année dernière par un mouvement de gilets jaune contre la vie chère. Emmanuel Macron sera accueilli par un appel à la grève générale, mais aussi peut-être par une éruption du Piton de la Fournaise qui manifestait lundi soir des volontés de réveil, pour la 5e fois depuis le début de l'année.
Mardi soir, Emmanuel Macron dînera avec des élues, militantes associatives et cheffes d'entreprise en hommage au mouvement local des "Chatouilleuses", qui défendirent dans les années 1970 le maintien dans la République de l'île de l'océan Indien.
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