Depuis bientôt un mois sur les marchés de l'agglomération rouennaise (Seine-Maritime), l'attitude de certains consommateurs a changé. Comme Mireille Dunois, une retraitée de 67 ans qui a ses habitudes sur la place de l'hôtel de ville de Sotteville-lès-Rouen. "Je viens chercher mes fruits et légumes tous les jeudis", raconte-t-elle. Mais son producteur habituel, ciblé par les mesures de consignation, n'est plus présent depuis deux semaines, faute de produits à proposer aux consommateurs. "C'est compliqué pour eux, je ne sais pas comment ils vont tenir, poursuit Mireille Dunois. Mais il vaut mieux être prudent après ce qu'il s'est passé."
Levée des mesures de restrictions
Le retour à la normale devrait s'opérer progressivement puisque, depuis vendredi 18 octobre 2019 au soir, l'ensemble des consignations ont été levées sur les produits agricoles, aussi bien les fruits et les légumes, que les œufs, le miel et les poissons : "514 résultats sur les prélèvements agricoles ont été rentrés et sont conformes", avait expliqué le préfet de la Seine-Maritime, Pierre-André Durand, quelques heures avant la levée des restrictions, après un avis favorable de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Mais derrière les étals, le moral des producteurs présents est en berne. "Certains parlent de 40 à 50 % de pertes, moi ça monte plutôt à 75 % de notre chiffre d'affaires", lâche Geneviève Darrieu, maraîchère sur le plateau nord de l'agglomération, lassée d'installer ses produits au petit matin puis d'attendre des consommateurs qui se font rares. La baisse de fréquentation est d'ailleurs visible sur le marché de la place Saint-Marc à Rouen, avec peu de producteurs agricoles et surtout peu de clients venus arpenter les allées.
Sur le très prisé marché de la place Saint-Marc à Rouen, les consommateurs se font plus rares depuis l'incendie de Lubrizol.
Sont présents ceux qui s'approvisionnent auprès des marchés de gros et qui subissent beaucoup moins les effets de l'incendie de Lubrizol. Mais aussi ceux qui cultivent sous serre et qui ont été épargnés par les mesures de restrictions. "J'ai eu quelques inquiétudes au moment de l'incendie, se remémore Rémi Vasseur, installé sur la place de l'hôtel de ville à Sotteville-lès-Rouen. Nos productions sont restées à l'abri et nous avons pu continuer à les proposer aux clients, mais je vois bien qu'il y a moins de monde que d'habitude."
Rassurer les consommateurs
À quelques mètres de la place Saint-Marc à Rouen, le constat est le même chez le primeur Deschamps. "Nous avons énormément de questions de la part des clients, sur la provenance des produits, pour savoir si ça vient de la région ou non", raconte Manon Blondeau, vendeuse. Le magasin précise sur des affichettes que les fruits et légumes vendus n'ont pas été touchés par le panache de fumée. "Nos responsables ont appelé certains producteurs pour s'assurer qu'il n'y avait pas de problème".
Pour rassurer les clients, ce primeur rouennais a mis en place des affiches pour expliquer l'origine des produits.
Si les mesures de restriction sont désormais levées, Manon Blondeau note que les consommateurs sont "très méfiants", et qu'il faudra du temps avant de leur faire reprendre leurs habitudes de consommer des produits locaux, venant de l'agglomération rouennaise.
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