"Quelque part, c'est un échec." Le sélectionneur du XV de France Jacques Brunel n'a pas tourné autour du pot, devant la presse à Oita (sud du Japon): pour la deuxième édition de suite, le dernier carré se disputera sans les Bleus, et ce sont bien les Gallois qui iront défier l'Afrique du Sud dimanche prochain à Yokohama pour une place en finale.
Jusqu'en 2015, ils n'avaient manqué qu'à une seule reprise le train des demi-finales, en 1991. Le recul sur la scène internationale est donc réel, et vient sanctionner les atermoiements depuis tant d'années du rugby français, incapable de travailler dans la continuité. Il a quatre ans, jusqu'à l'édition 2023 en France, pour y remédier.
Les Bleus de 2019 sont ainsi arrivés au Japon en panne de certitudes après avoir connu sept petites victoires pour douze défaites depuis l'arrivée de Brunel fin 2017, et achevé le moral dans les chaussettes le Tournoi des six nations.
Ils ont espéré refaire leur retard, comme en 2015, par la seule grâce d'une préparation de deux mois et demi, socle d'un plan de jeu amendé et plus structuré depuis l'arrivée cet été dans l'encadrement de Fabien Galthié (futur sélectionneur), et de la configuration particulière d'une Coupe du monde.
Le coup est passé proche, à l'issue de leur meilleur match de ces quatre dernières années: à quatre minutes près, jusqu'à cet essai de Ross Moriarty, ils étaient en demi-finales, après avoir inscrit trois essais, dont deux superbes (Ollivon, 8e; Vakatawa, 31e), pour mener 19 à 10 à la mi-temps.
Après avoir dominé dans le jeu, tantôt en usant du jeu au pied, tantôt en mettant du mouvement, les Gallois, leur bête noire, vainqueur de sept des huit précédentes confrontations depuis la demi-finale du Mondial-2011 (9-8 pour la France), où les Bleus avaient évolué en supériorité numérique pendant plus d'une heure.
Vahaamahina a "pété un plomb"
Huit ans plus tard, c'est le XV de France qui a été plombé par un carton rouge, celui bêtement reçu par Sébastien Vahaamahina (27 ans, 46 sél.), pourtant l'un des cadres de cette équipe.
Le deuxième ligne a "pété un plomb", dixit l'ouvreur Camille Lopez, en assénant un coup de coude au troisième ligne gallois Aaron Wainwright qui l'enserrait dans un maul (49e). La première exclusion définitive de sa carrière internationale...
En égalité numérique, l'issue aurait-elle été différente ? "Peut-être que ça nous aurait aidés, peut-être que ça n'aurait rien changé" a répondu Jefferson Poirot.
Les Bleus ont en tout cas fini par craquer, un dénouement trop souvent vécu ces dernières années pour qu'il ne s'agisse que d'une simple coïncidence. La dernière fois face à ces mêmes Gallois dans le Tournoi des six nations, où ils avaient laissé échapper une avance de seize points à la pause (défaite finale 24-19).
"On a été meilleurs qu'eux, ce match est impossible à perdre, mais tu le perds encore" se lamente Lopez, rejoint par Jean-Baptiste Elissalde, entraîneur des arrières: "On échoue encore. Ce scénario on l'avait déjà vu."
"Je ne sais pas si on panique... "
Même s'il n'a pas été aidé par le carton rouge, le XV de France, jeune et en panne de certitudes, a ainsi de nouveau donné le bâton pour se faire battre.
En encaissant "deux essais de merde, à zéro passe" puisqu'avant celui de Moriarty, à la suite d'une sortie de mêlée cafouillée par la France, Wainwright avait profité d'un ballon perdu au contact par le capitaine Guilhem Guirado -- dont c'était le dernier match international -- pour ramener son équipe au score (12e, 12-7).
En laissant filer cinq points au pied (deux poteaux aux 8e et 38e minutes de Romain Ntamack), qui pèsent lourd à l'heure du bilan final.
En choisissant la pénaltouche plutôt que la pénalité qui aurait pu lui permettre de mener 22 à 10, sur la séquence qui a justement débouché sur le carton rouge de Vahaamahina.
En manquant plusieurs occasions d'essais, les deux ultimes dans les dix dernières minutes, sur une charge de Virimi Vakatawa puis une mêlée en sa faveur mal négociée.
Enfin, en permettant, par une faute de Paul Gabrillagues (72e), au XV du Poireau de revenir dans son camp et au final repasser devant.
La gestion de la seconde période laisse des regrets à Lopez: "Je ne sais pas si on panique, mais tout le monde commence à brailler alors qu'il faudrait que chacun reste dans son rôle et qu'on continue sur ce qu'on avait décidé de mettre en place. On aurait pu faire beaucoup mieux sur la manière d'exploiter nos ballons."
"Il faut qu'on soit un peu plus ambitieux, notre force est de mettre de la dynamique dans notre jeu" a ajouté l'ouvreur. Des regrets et une rengaine qui ont trop souvent accompagné les Bleus ces dernières années.
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