Les autorités avaient interdit le rassemblement organisé à Tsim Sha Tsui, un quartier très densément peuplé, connu pour ses boutiques de luxe et ses hôtels.
Elles avaient invoqué des raisons de sécurité, après les violents affrontements entre les forces de l'ordre et la frange la plus radicale des manifestants.
Mais dimanche à la mi-journée, des dizaines de milliers de personnes se sont jointes à ce rassemblement interdit entendant, pour le vingtième weekend consécutif de manifestations, continuer à faire pression sur le gouvernement local acquis à Pékin.
L'ex-colonie britannique vit depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations et actions quasi-quotidiennes pour dénoncer un recul des libertés, mais aussi les ingérences grandissantes de Pékin dans les affaires de sa région semi-autonome.
Après l'interdiction par les autorités, début octobre, du port du masque lors des manifestations, Hong Kong a connu une flambée de violences, avec de nombreux actes de vandalisme ciblant des sociétés accusées de soutenir le gouvernement pro-Pékin.
Mais les violentes agressions dont ont été victimes deux militants pro-démocratie cette semaine ont suscité la colère des manifestants.
Mercredi, Jimmy Sham, une des figures du camp pro-démocratie, avait été hospitalisé après avoir été violemment agressé à coups de marteau par des inconnus.
M. Sham est le principal porte-parole du Front civil des droits de l'homme (FCDH), une organisation qui prône la non-violence et a été à l'origine des plus grandes manifestations pacifiques de ces derniers mois.
Samedi soir, un homme de 19 ans, qui distribuait des tracts appelant à manifester, a été grièvement blessé par un assaillant qui l'a poignardé au cou et à l'abdomen.
Une marée humaine a envahi dimanche les rues de Hong Kong, les participants se dissimulant sous des parapluies afin de se protéger d'un soleil de plomb.
"Plus ils répriment, plus on résiste", a déclaré à l'AFP une manifestante de 69 ans, n'acceptant de livrer que son nom de famille, Yeung.
Détermination intacte
Philip Tsoi, qui se décrit comme un manifestant radical, demeure déterminé, même si beaucoup d'autres militants radicaux ont été "arrêtés ou blessés" ces dernières semaines.
"Ce que je veux, c'est un gouvernement véritablement démocratique dont le chef est élu par le peuple de Hong Kong au lieu d'être choisi par un régime communiste", a-t-il expliqué.
Selon un scénario classique, la marche s'est déroulée de manière pacifique, jusqu'à ce que de petits groupes de manifestants radicaux, vêtus de noir, vandalisent des stations de métro et des banques chinoises situées le long du cortège.
La police a tiré des gaz lacrymogènes sur ces protestataires radicaux devant le poste de police de Tsim Sha Tsui.
Entre les deux camps, pro-démocratie comme pro-Pékin, la violence a gagné en intensité, accentuant le clivage idéologique.
Au cours des dernières semaines, des militants pro-démocratie ont passé à tabac des personnes qui avaient oralement exprimé leur désaccord avec leur mouvement.
Ces attaques se sont généralement produites au cours de manifestations, des participants en colère s'en prenant à des personnes ne partageant pas leurs convictions.
Depuis la mi-août, huit figures du mouvement, parmi lesquelles des personnalités politiques, ont été agressées par des inconnus.
Il s'agissait d'attaques plus ciblées, qualifiées de "terreur blanche" par les manifestants qui accusent les criminels organisés de la ville de former une alliance avec les partisans de Pékin.
Pour le régime chinois, ces manifestations sont le résultat d'un complot des services occidentaux destiné à imposer par la force la démocratie au territoire autonome.
Il est demeuré silencieux sur les agressions de militants pro-démocratie.
La mobilisation était née en juin du rejet d'un projet de loi qui voulait autoriser les extraditions vers la Chine. Il a été suspendu début septembre, mais les manifestants ont entretemps considérablement élargi leurs revendications.
Faute de concession de l'exécutif hongkongais et de Pékin, le mouvement a pris un tour de plus en plus conflictuel, menant à des affrontements de plus en plus violents entre manifestants radicaux et forces de l'ordre.
Depuis une quinzaine de jours, le métro de Hong Kong ferme ses portes à 22 heures, et les heurts ont baissé en intensité.
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