"La sécurité est au coeur de notre activité. Des centaines d'ingénieurs s'attèlent à s'assurer que cet avion soit prêt à 100%. Quand le 737 MAX sera remis en service, j'y embarquerai avec ma famille", assure, face à la caméra, Jennifer Henderson, cheffe des pilotes d'essais du 737, dans l'un de ces clips.
Sur une page Facebook de fans de Boeing où il est diffusé, des commentaires négatifs affluent.
"Eh bien, j'imagine qu'elle ne pouvait pas dire que c'est dangereux", ironise un membre, dont le commentaire fait écho à la tâche herculéenne qui attend Boeing au moment où l'avionneur tente de regagner la confiance aussi bien des autorités de l'aviation civile que du grand public, sept mois après l'accident d'un MAX d'Ethiopian Airlines ayant provoqué la mort de ses 157 occupants.
Comme dans le crash de Lion Air en Indonésie en octobre 2018, qui avait fait 189 morts, c'est le système anti-décrochage MCAS qui avait été mis en cause.
La date de retour en service est encore incertaine, même si Boeing, qui n'a toujours pas soumis une version modifiée du système aux régulateurs, souhaite que ce soit avant la fin de l'année.
"Terrorisés"
"Le 737 MAX est, pour l'instant, un +avion non grata+. Un avion que les gens ne veulent pas prendre", avance Henry Harteveldt.
Pour ce dirigeant du cabinet d'études Atmosphere Research, basé à San Francisco, "les voyageurs n'ont pas seulement peur du 737 MAX, ils en sont terrorisés".
Seulement 19% des voyageurs d'affaires et 14% de voyageurs loisirs prendraient volontiers le 737 MAX dans les six mois suivant son retour dans le ciel, selon une enquête d'Atmosphere.
Près de la moitié des 2.000 personnes interrogées se disent même prêtes à payer plus cher pour éviter le MAX.
Face à cette défiance, les compagnies aériennes s'adaptent.
"Nous mettrons sur d'autres vols, sans frais supplémentaires, les gens qui ne veulent pas voyager dans un MAX", dit-on chez United Airlines, propriétaire de 14 avions de ce type.
American Airlines, qui possède 24 MAX, a fait savoir que ses dirigeants et des salariés seront les premiers à voyager dans cet avion une fois qu'il sera autorisé à voler à nouveau.
"Irresponsable"
Les déboires du MAX ont balayé plus d'un siècle d'histoire pour Boeing, marquée notamment par le triomphe du 747, surnommé "Reine des ciels".
"La moitié des voyageurs d'affaires que nous avons interrogés et 55% des voyageurs loisirs jugent Boeing irresponsable, arrogant et pas sûr", indique M. Harteveldt.
D'après un sondage en ligne du site Airfarewatchdog.com, seulement 7% des personnes interrogées se disent prêtes à monter dans un MAX si elles n'avaient pas le choix.
Interrogé par l'AFP, l'avionneur renvoie à des déclarations faites en août par son patron. "Nous sommes conscients que le lien de confiance a été brisé lors des derniers mois et nous travaillons dur pour le rétablir", avait déclaré Dennis Muilenburg.
Un lien de confiance entamé un peu plus vendredi avec la révélation que des documents potentiellement dommageables ont été cachés aux enquêteurs pendant plusieurs mois.
Boeing indique avoir mené, au 13 octobre, 1.447 heures d'essais en vol avec le MCAS modifié. M. Muilenburg a personnellement pris part à deux de ces tests.
De fin septembre à mi-octobre, le groupe a également invité des pilotes de compagnies aériennes à des sessions d'information et de tests sur simulateur à Miami, Londres, Istanbul, Shanghai et Singapour.
"Ne plus se rater"
"Boeing n'a pas d'autre option que de ne plus se rater", avance Tracy Stewart, une journaliste du site spécialisé dans l'aviation Airfarewatchdog.com.
Si le chemin de la reconquête paraît semé d'embûches, Boeing peut se consoler du fait qu'une grande partie des voyageurs ne regarde pas le type d'avion dans lequel ils vont voyager au moment de la réservation de leur billet.
"La majorité des gens qui voyagent dans les avions commerciaux (...) se soucient davantage d'obtenir un siège couloir et espèrent qu'il y aura toujours de la place dans les compartiments à bagages pour ranger leur bagage à main", avance John Dekker, qui dirige le voyagiste en ligne Surf City Travel.
Boeing dispose néanmoins d'une fenêtre étroite pour rectifier le tir, s'accordent les experts, qui font valoir qu'une vidéo expliquant les changements effectués dans le 737 MAX pour le rendre plus sûr serait l'un des meilleurs moyens pour restaurer la crédibilité.
"Il faut garantir aux consommateurs que ça ne se reproduira plus. Point barre!", assène John Dekker.
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