La SNCF ne sera en mesure de communiquer ses prévisions de trafic qu'à 7H30 dimanche, mais annonçait dès samedi soir la circulation d'un train Ouigo sur trois, alors qu'aucun ne roulait samedi.
"On est dans une situation de blocage", résume Didier Mathis, de l'Unsa ferroviaire, pour qui "s'il n'y a pas d'avancée de la part de la direction, on peut supposer que le mouvement va se poursuivre, car le problème de danger n'est pas réglé".
Quant à son collègue de SUD-Rail, Julien Troccaz, il juge "difficile de faire des prévisions" quant à la suite du mouvement, car "le droit de retrait est individuel". Mais il estime que le patron de la SNCF et l'exécutif "jouent le pourrissement total" du conflit.
A l'origine du mouvement, un accident survenu mercredi soir, lorsqu'un TER reliant Charleville-Mézières à Reims a percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau à Saint-Pierre-sur-Vence (Ardennes), faisant 11 blessés dont plusieurs hospitalisés, selon la préfecture. Le conducteur, qui a porté secours aux passagers alors qu'il était lui-même blessé, était le seul agent SNCF à bord du train.
Dès jeudi et plus encore vendredi et samedi à la prise de service, des agents de conduite et contrôleurs ont fait valoir leur droit de retrait.
"colère des agents"
Les syndicats SUD-Rail, CGT-Cheminots, FO-Cheminots et la Fgaac-CFDT, contestent ce mode de fonctionnement, qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur, évoquant des risques de sécurité pour les voyageurs. La direction fait valoir qu'il "existe depuis des dizaines d'années".
Sur fond de fortes perturbations, principalement sur les TER, Intercités et sur le réseau Transilien samedi, jour de départ en vacances, le ton est peu à peu monté entre l'exécutif et la direction, d'une part, et les syndicats SNCF de l'autre.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a dénoncé un "détournement du droit de retrait qui s'est transformé en grève sauvage", avec "un impact inacceptable" pour les usagers. Il a "demandé à la SNCF d'examiner toutes les suites qui pouvaient être données et notamment judiciaires".
Plus tôt dans la matinée, le patron de la SNCF Guillaume Pepy avait jugé "pas admissible" le mouvement qu'il a qualifié de "grève surprise". Pour lui, "il n'y a aujourd'hui aucun risque immédiat ou grave de sécurité à la SNCF, donc ce droit de retrait n'est pas légitime".
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari a, de son côté, estimé samedi que la SNCF pourrait prononcer des sanctions individuelles à l'encontre des cheminots ayant pris part à ce mouvement social, dans une interview au Parisien.
"Le niveau de violence des déclarations donne le ton de la suite, car c'est difficile de dire +on se met autour de la table+ quand on parle de judiciaire et qu'on nous prend presque pour des criminels", s'insurge Julien Troccaz, de SUD-Rail.
La direction et le gouvernement "n'ont pas compris qu'il y a une colère des agents à propos de la sécurité. Ca n'a rien à voir avec le 5 décembre et les retraites", insiste-t-il en référence à la prochaine journée d'action contre la réforme des retraites.
Même son de cloche à l'Unsa ferroviaire. Ce n'est pas un mouvement pour faire pression sur le dossier des retraites ou dans le cadre de la réforme de la SNCF, "on n'est pas dans la convergence des luttes. On ne mélange pas tout", insiste Didier Mathis.
"Le droit de retrait aurait dû être réglé en quelques heures si le gouvernement ne s'en était pas mêlé mais Edouard Philippe veut le pourrissement et use de provocations pour cela", a réagi dans la soirée la CGT cheminots dans un communiqué.
Contrairement à l'Unsa, elle n'entend pas séparer les revendications et appelle à participer "massivement" à la journée d'action du 5 décembre contre la réforme des retraites et en y joignant "les sujets d'entreprise, notamment la sécurité". "Vous évacuez la sécurité, vous aurez un conflit généralisé", avertit le syndicat.
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