Sous un soleil radieux et avançant derrière une banderole rose proclamant "Ensemble pour avoir le dernier mot", ils sont partis en fin de matinée des abords de Hyde Park en direction du Parlement, où les députés tenaient une séance exceptionnelle pour débattre du nouvel accord de Brexit conclu entre Londres et Bruxelles.
"Que voulons-nous ? Le vote du peuple ! Quand le voulons-nous ? Maintenant !" scandait la foule, face à quelques dizaines de manifestants pro-Brexit venus défendre une sortie immédiate de l'UE.
"On a fait une grosse bêtise" lors du référendum de 2016, quand les Britanniques ont décidé à 52% de sortir de l'Union européenne, estime la manifestante anti-Brexit Suzanne O'Hallorin, une retraitée de 64 ans. "Je pense que nous en savons beaucoup plus aujourd'hui qu'à l'époque du référendum. On doit avoir un nouveau vote, maintenant qu'on connaît les conséquences d'un départ de l'UE et l'impact sur notre économie".
Douglas Hill, 35 ans, renchérit: "Le premier référendum, c'était comme sauter dans un train sans destination. Maintenant, nous en avons une et nous avons besoin d'un second référendum", dit-il en défilant aux côtés de son épouse estonienne et de leur petite fille, détentrice de la double nationalité.
Pour Theodor Howe, qui n'était pas majeur lors du référendum de 2016, il s'agit surtout "d'avoir son mot à dire sur ce qui va se passer". L'étudiant de 20 ans est venu spécialement de Dundee, en Ecosse.
Autre son de cloche, côté pro-Brexit: Maggie Wright, 66 ans, arbore un drapeau de l'Union Jack sur ses épaules : "Nous voulons juste vraiment sortir (de l'UE), on a voté pour ça, à cause du gaspillage d'argent et parce qu'on veut prendre nos propres décisions, (avoir) nos propres lois", explique-t-elle.
"Paix et prospérité"
Le cortège des europhiles, en tête duquel figurait le maire travailliste (opposition) de Londres, Sadiq Khan, a atteint Westminster en début d'après-midi.
Au même moment, les députés y débattaient de l'accord de Brexit obtenu par Boris Johnson, sur lequel ils ont finalement décidé de reporter leur décision, contraignant le Premier ministre conservateur à demander à l'UE un nouveau report du Brexit, prévu le 31 octobre.
Le vote a été accueilli avec des cris de joie et des applaudissements par les manifestants europhiles: "C'est formidable, ça éloigne le Brexit!", s'exclame Philip Dobson, 40 ans, qui spécule sur une chute du gouvernement Johnson.
Côté pro-brexit en revanche, c'est la consternation: "Je suis dégoûté, c'est une honte! Encore un délai, c'est abominable", peste Thomas Lambert, 22 ans.
Initialement programmé le 29 mars 2019, le Brexit a déjà été repoussé deux fois, faute d'accord de sortie bénéficiant d'un soutien d'une majorité du Parlement, très divisé sur la voie à suivre. Et même au sein du propre parti de Boris Johnson.
Ainsi, Nigel Kendall, un septuagénaire originaire du sud de l'Angleterre, brandit une pancarte "Conservateurs contre le Brexit". "J'ai été un membre du parti conservateur pendant 50 ans, je l'ai quitté après le référendum", confie-t-il à l'AFP.
Evoquant "la paix et la prospérité" garanties selon lui par le bloc européen, il assure "croiser les doigts" pour que le Brexit soit annulé. Avant d'ajouter, d'un ton grave : "Mon père a combattu pendant la guerre et je ne veux pas d'une autre guerre".
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