"Tout va s'arrêter en réaction à l'injustice de la sentence contre nos représentants, condamnés à des peines extrêmement dures comme s'ils étaient des meurtriers", espère Ramon Pararada, un étudiant de 23 ans.
Cette "grève générale" a été convoquée au cinquième jour de la mobilisation contre la condamnation lundi de neuf dirigeants séparatistes à des peines allant de 9 à 13 ans de prison pour la tentative de sécession de 2017.
"Nous utilisons Barcelone comme un mégaphone: aucun touriste ne peut ignorer que nous nous mobilisons massivement et on espère que tout ça touchera un peu l'Europe, même si elle nous a assez déçus jusqu'à présent", ajoute Ramon dans une ville survolée par un hélicoptère et sous haute surveillance policière.
Il a commencé à manifester dès le matin à Barcelone avec au moins 14.000 autres étudiants.
Au même moment, des membres de sa famille de Vic, située à 70 km, gagnaient la capitale régionale à pied avec une des longues files de marcheurs indépendantistes partis dès mercredi de cinq villes catalanes.
Leur présence sur les voies a entraîné la coupure d'au moins sept autoroutes et neuf routes nationales.
Selon l'administration régionale, gouvernée par les indépendantistes, la grève est notamment suivie à 30% dans la fonction publique.
Le constructeur automobile Seat a mis à l'arrêt son usine proche de Barcelone.
Et si les croisiéristes continuent d'arriver au port de Barcelone, deux paquebots sur les 20 attendus pendant le week-end ont annulé leur passage par précaution.
- "Pas de capitulation" -
Le monument le plus visité de Barcelone, la basilique de la Sagrada familia, a fermé à la mi-journée quand des manifestants ont pris position devant.
Les boutiques de luxe de l'emblématique avenue du Passeig de Gracia s'emplissent toujours de touristes étrangers mais le goudron fondu en différents points de la chaussée témoigne que des barricades y ont brûlé jeudi soir, quand des groupes de jeunes se confrontaient violemment avec la police pour la quatrième nuit consécutive, aux cris d'"independencia".
"L'unité de l'Espagne est au-dessus de tout pour eux (à Madrid) et même des droits fondamentaux", dit Jaume Enrich, avocat à la retraite, venu manifester.
Le badge qu'il porte - "no surrender" ("pas de capitulation") -, il l'a acheté justement "dans le village d'Amer, dans la pâtisserie des parents de Carles Puigdemont", l'ex-président catalan qui a fui en Belgique en 2017 après sa destitution par Madrid à la suite de la tentative de sécession.
"Ils nous veulent tous soumis. Ils enferment nos dirigeants mais ne peuvent faire taire un peuple", renchérit Paquita Corbacho, 64 ans, secrétaire à la retraite, sûre qu'"aujourd'hui tout le monde va voir que le mouvement indépendantiste est transversal, de toutes les générations et classes".
"Il n'y a pas assez de cages pour tant d'oiseaux", clame en écho une pancarte des lycéens et étudiants massés place de l'Université.
Mais la grève n'est pas totale dans la région de 7,6 millions d'habitants très partagés sur ce thème de la sécession.
Luis, technicien de 59 ans, s'affairait dès 08H00 sur l'avenue touristique des Ramblas à l'entretien des feux tricolores : "Ma famille est catalane mais moi je suis né dans le Sud. Le projet indépendantiste, je le comprends mais ne le partage pas. Tous les pays veulent s'unir et ici ils veulent se séparer" de l'Espagne".
"Mais ma femme est indépendantiste de gauche et mes enfants le sont aussi: ils ont vécu ça depuis qu'ils sont nés, ce sentiment d'être Catalans, différents, et veulent plus de pouvoir pour la Catalogne".
Opposé à l'indépendance, un employé en uniforme vert fluo, Jesus, 49 ans, balaie les Ramblas et soupire : tout ça est "compliqué, compliqué" et "ce mouvement ne va nulle part face à un Etat qui ne va jamais l'accepter".
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