La condamnation va replacer la question catalane plus que jamais au centre du débat politique en Espagne à moins d'un mois des élections législatives du 10 novembre.
A Barcelone, des militants indépendantistes ont commencé à couper des rues avant des manifestations prévues à 20H00 (18H00 GMT) dans toute la région.
L'ancien vice-président régional catalan Oriol Junqueras s'est vu infliger la plus lourde peine avec 13 ans de prison pour sédition et détournements de fonds publics.
"Nous reviendrons encore plus forts (...) Nous reviendrons et nous gagnerons", a réagi dans une lettre à ses partisans cet historien de 50 ans, numéro un du parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC) qui était le principal accusé du procès en l'absence de l'ex-président catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique.
M. Puigdemont a pour sa part dénoncé une "aberration".
Huit autres indépendantistes, pour certains en prison comme M. Junqueras depuis près de deux ans, ont été condamnés à des peines allant de neuf à 12 ans de prison pour sédition, et détournements de fonds publics dans certains cas.
Figurent parmi eux l'ancienne présidente du parlement catalan Carme Forcadell (11 ans et demi), les dirigeants des puissantes associations indépendantistes ANC et Omnium Cultural, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart (9 ans) et cinq anciens "ministres" régionaux (entre 10 ans et demi et 12 ans).
Les juges ont donc écarté les accusations de rébellion émises par le parquet qui avait requis 25 ans de prison pour Junqueras.
Trois autres anciens membres du gouvernement catalan, qui étaient en liberté conditionnelle, ont eux été condamnés à des amendes de quelque 60.000 euros chacun pour désobéissance.
Pire crise en plus de 40 ans
Ces douze indépendantistes ont été jugés pour avoir organisé le 1er octobre 2017, en dépit de l'interdiction de la justice, un référendum d'autodétermination, émaillé de violences policières, et pour la proclamation le 27 du même mois d'une vaine déclaration d'indépendance votée par le parlement catalan.
Cette tentative de sécession de la Catalogne, riche région du nord-est de l'Espagne, avait été la pire crise politique qu'ait connue le pays depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
Le gouvernement voudrait que l'arrêt de la Cour permette de tourner la page et de revenir à un dialogue politique pour apaiser cette région de 7,5 millions d'habitants.
Mais les indépendantistes, toujours aux commandes dans la région, veulent au contraire mobiliser une nouvelle fois leurs partisans et ont appelé à la "désobéissance civile".
"Il y a une partie de la Catalogne qui veut entrer dans un conflit avec l'idée même d'Etat" mais "il faut trouver un point de rencontre", a déclaré le ministre des Transports Jose Luis Abalos, homme de confiance du chef du gouvernement Pedro Sanchez qui devait s'exprimer pour sa part à 12H00 locales (10H00 GMT).
Condition indispensable de la rébellion -- qui est un délit contre la Constitution sévèrement puni --, l'existence ou non d'un soulèvement violent avait été la question centrale du procès historique de ces indépendantistes à laquelle les juges ont répondu par la négative.
Le parquet n'avait pas hésité à qualifier les évènements de 2017 de "coup d'État".
Rues coupées
En Catalogne où, depuis 2010, l'indépendantisme mobilise de vastes manifestations, le gouvernement a envoyé des renforts policiers face aux risques de regain de tensions.
A Barcelone, des indépendantistes commençaient déjà à couper la circulation dans certaines rues de la ville, a constaté l'AFP, tandis que les militants radicaux des Comités de Défense de la République (CDR) appelaient à la "révolte populaire".
Le club de football du FC Barcelone s'est ajouté au concert de réactions en déclarant dans un communiqué que "la prison n'est pas la solution".
Pedro Sanchez a prévenu les indépendantistes qu'il n'hésiterait pas à prendre des mesures extraordinaires pour garantir la sécurité, y compris à suspendre l'autonomie de la région, comme en octobre 2017 après la tentative de sécession.
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