Tendance Ouest : Qu'avez-vous voulu dire avec ce manifeste ?
François Boulo : "Le manifeste est à destination de tous ceux qui ont suivi le mouvement des Gilets jaunes de loin, et il y en beaucoup, puisqu'il y a eu jusqu'à 80 % de sympathisants. Ceux qui ont suivi le mouvement, principalement à travers le prisme des médias nationaux, ont eu des informations tronquées, et une partie de la population a pu s'arrêter aux violences dans les manifestations. Le manifeste a pour objectif de rétablir toute la vérité pour comprendre ce qu'a été le mouvement, comment il a été traité sur le plan médiatique et comment il a été traité par le pouvoir, quelle a été la stratégie qu'il a mise en place pour étouffer le mouvement. Il s'agit aussi d'expliquer que ce mouvement n'est pas seulement celui de sauvages ou de révoltés. Il y a un idéal poursuivi par les Gilets jaunes, qui se résume dans la phrase suivante : 'Sur les ronds-points, nous avons retrouvé la fraternité. Désormais, nous allons reconquérir la liberté et l'égalité'".
TO : Le 17 novembre 2018, il y avait entre 200 000 et 350 000 personnes dans les rues. Beaucoup moins maintenant. Comment continuer à animer le mouvement ?
FB : "Il y a moins de monde pour deux raisons principales. Le phénomène d'usure évidemment, c'est épuisant de manifester toutes les semaines… Surtout que, deuxième raison, ils risquaient à chaque fois de prendre des gaz lacrymogènes, des coups de matraque et, pour certains, de perdre un œil ou une main. Le pouvoir a voulu faire peur et ça a marché. Pour autant, la colère est plus forte maintenant qu'il y a un an. Il y aura, je pense, une grande mobilisation pour la date anniversaire le 16 et 17 novembre prochain."
TO : Le mouvement est apartisan et vous dénoncez le clivage droite-gauche. Aujourd'hui, le clivage se joue pour vous entre les proeuropéens et les souverainistes.
FB : "Oui, Jacques Chirac a été le fossoyeur du gaullisme et a renoncé à critiquer le fonctionnement de l'Union européenne en se ralliant au oui sur le traité de Maastricht. Depuis, le processus politique est bloqué. À gauche, la ligne de Jean-Pierre Chevènement a été mise en minorité. À droite, la ligne de Philippe Séguin, aussi souverainiste, a perdu. C'est la raison pour laquelle la même politique a été conduite à droite et à gauche. Emmanuel Macron poursuit la même politique. Tant que vous ne sortirez pas des règles actuelles de l'Union européenne, vous ne pourrez pas impulser une politique alternative. Les traités européens sont antidémocratiques parce qu'ils retirent aux pays membres les éléments essentiels de leur souveraineté économique : la maîtrise du budget, la maîtrise de la monnaie et la maîtrise de la politique commerciale."
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