Autre résultat marquant de ce scrutin, la gauche retourne au parlement après une pause de quatre ans et l'extrême droite anti-système y fait son entrée avec treize députés, selon l'enquête de l'institut Ipsos qui ne précise pas le nombre des commissions électorales interrogées.
Avec 43,6% des suffrages, le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, qui doit sa popularité notamment à de généreux transferts sociaux, devrait obtenir 239 sièges à la chambre basse qui en compte 460.
"Dur labeur"
"J'espère que la journée de demain (lundi, avec l'annonce des résultats officiels) confirmera notre succès. Devant nous, quatre années de dur labeur", a déclaré M. Kaczynski au siège de son parti.
"Nous méritons davantage", a ajouté le chef du PiS, considéré comme l'homme le plus influent de Pologne.
"Nous devons réfléchir (...) aux raisons pour lesquelles une partie de la société a considéré qu'il ne fallait pas nous soutenir", a-t-il encore dit.
Selon les dernières projections, la principale formation d'opposition, la Coalition civique (KO, centriste), obtiendrait 27,4% et devrait disposer de 131 députés à la Diète, suivie par la gauche (12,4% et 46 députés). Le parti paysan PSL associé au parti anti-système Kukiz'15 bénéficierait de 9,1% des voix (30 députés).
Une formation d'extrême droite anti-système, comprenant des ultra-libéraux et des nationalistes anti-migrants, la Confédération, entrerait au parlement avec 6,4% des suffrages et 13 députés. La minorité allemande disposerait d'un mandat.
Mais toutes ces indications sont provisoires, alors que les résultats définitifs, qui selon des experts pourraient encore être différants, devraient être donnés lundi soir, selon la Commission électorale.
La participation a atteint 61,1%, un record depuis les premières élections semi-libres de 1989 (organisées encore selon le système hérité du communisme).
Parmi les cinq listes qui doivent entrer au parlement, certaines sont des alliances comprenant des éléments différents. L'arrivée de la gauche et de l'extrême droite annonce une chambre hétéroclite, a souligné Stanislaw Mocek, recteur de l'université Collegium Civitas.
Pour une politologue de l'Université de Varsovie, Ewa Marciniak, cette nouvelle Diète, avec la gauche et l'extrême droite représenterait mieux tous les milieux de la société. "Avec beaucoup de jeunes nouveaux et courageux, sans respect pour les anciens, ce sera une Diète plus nette, plus animée, plus intéressante".
Le PiS "a la majorité absolue et donc n'a pas besoin d'alliés pour gouverner", a relevé M. Mocek dans une déclaration à l'AFP. Mais "il n'a pas la majorité suffisante pour rejeter un veto présidentiel, donc l'enjeu pour l'opposition est de miser désormais sur l'élection présidentielle de l'année prochaine".
En place depuis 2015, le PiS a cherché à mobiliser les couches défavorisées, et notamment celles des campagnes, en s'érigeant en défenseur des valeurs familiales face à "l'idéologie LGBT" et surtout en promettant une nouvelle allocation familiale, la baisse des impôts et la hausse du salaire minimum, mesures qu'autorisent les très bonnes performances de l'économie polonaise.
- Bénédiction tacite -
Son chef, M. Kaczynski, a clivé la société en attaquant les minorités sexuelles et les élites, et en rejetant les valeurs libérales occidentales, avec la bénédiction tacite de l'influente Eglise catholique.
En face, l'opposition de la Coalition civique (KO) s'appuie sur les habitants des grandes villes irrités par les réformes controversées du PiS, dont celles du système judiciaire, et par la transformation des médias publics en instruments de propagande gouvernementale.
Elle avait promis d'annuler les réformes judiciaires du PiS qui, selon Bruxelles, menacent l'indépendance de la justice et l'Etat de droit.
Dans sa première réaction, le chef de la KO, Grzegorz Schetyna, s'est dit confiant en la victoire de l'opposition aux élections au Sénat, dont le résultat ne sera connu que lundi au plus tôt.
"Tout est devant nous, l'élection présidentielle, et là nous serons prêts et nous allons l'emporter, c'est notre promesse", a-t-il dit.
La gauche, elle, condamne la campagne anti-LGBT du PiS et son alliance avec l'épiscopat, mais approuve son programme social.
"Nous revenons au Parlement, nous revenons là où la gauche a toujours eu sa place", a lancé, radieux, l'un de ses leaders, Robert Biedron, premier homme politique important en Pologne à afficher publiquement son homosexualité.
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