Le vote électronique s'est ouvert samedi à 20H00 et sera clos vingt-quatre heures plus tard. Les quelque 130.000 adhérents à jour de leur cotisation sont appelés à départager trois candidats: le patron des députés LR Christian Jacob, qui fait figure de favori, le député souverainiste du Vaucluse Julien Aubert et le plus libéral Guillaume Larrivé, député de l'Yonne.
A onze heures dimanche, la participation atteignait 26% (soit 34.474 votants), selon les chiffres transmis par la Haute autorité du parti -- un niveau plus élevé que prévu qui pourrait déjouer les pronostics de très faible mobilisation que beaucoup redoutaient dans un parti déboussolé. La participation avait atteint 42% en 2017 lors de l'élection de Laurent Wauquiez.
Si aucun candidat ne parvient à réunir une majorité absolue, un second tour aura lieu le week-end prochain.
Une chose est certaine: le vainqueur ne sera pas le candidat LR à la présidentielle de 2022. La direction intérimaire, mise en place après la démission de Laurent Wauquiez en juin, a demandé aux prétendants de renoncer à cette ambition, pour ne pas relancer la machine à perdre des guerres fratricides.
L'un des enjeux du scrutin tient au score de Christian Jacob, qui pourrait pâtir d'une poussée de ses challengers. Il y a deux ans, Laurent Wauquiez avait été élu dès le premier tour avec 75% des voix. LR comptait alors 235.000 adhérents, 100.000 de plus qu'aujourd'hui.
"Deux années d'errance"
A 59 ans, Christian Jacob, fort de sa connaissance de la machine LR, de ses 8.000 parrainages et de son image rassurante de chiraquien historique, veut avant tout "rassembler, réconcilier et rebâtir" un "grand parti de droite, ouvert, populaire et fier de ses valeurs".
Une prudence que ses deux challengers quadragénaires ne se sont pas privés d'épingler même si la campagne, sans débat à trois, est restée courtoise.
A la tête de son mouvement "Oser la France", Julien Aubert, qui se voit comme "la surprise" de ce scrutin, propose une "ligne patriote, républicaine, sociale, gaulliste". Guillaume Larrivé, qui se présente comme "le plus disruptif des trois", veut bâtir "le parti de la France libre" pour "construire le mouvement populaire de l'après-Macron".
Tous deux se sont engagés à unir leurs forces en cas de deuxième tour.
Le futur président devra reconstruire un parti, héritier de l'UMP, mais qui a accumulé les revers: défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, éviction historique du deuxième tour à celle de 2017, jusqu'à la violente gifle de 8,5% aux européennes de mai. "Deux années d'errance lamentable", selon le diagnostic dressé jeudi par Jean-François Copé, ancien président de l'UMP.
"Si on ne renouvelle pas tout, si on ne dit pas aux Français" ce que LR veut faire sur l'écologie, le chômage, la sécurité... "ils vont totalement nous zapper et d'ici un an on disparaîtra", a prédit samedi le patron du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau
Le prochain président devra donc fixer un cap, dans un espace politique réduit: d'un côté la République en marche qui s'attaque à des thèmes régaliens marqueurs de la droite, et de l'autre l'extrême-droite où l'on prône le rapprochement.
Comment bâtir une alternative? La question, cruciale pour toute la droite, était aussi au coeur de la "convention nationale" réunie jeudi par le président du Sénat Gérard Larcher, qui a mené quatre mois de consultations en région.
Pour LR, il faut aussi, à l'approche des municipales de mars, stopper l'hémorragie qui a vu partir Valérie Pécresse et Xavier Bertrand.
"Christian Jacob est celui qui peut, par sa personnalité, par une certaine sagesse mais aussi une certaine hauteur de vue, convaincre Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, des gens qui ont énormément de valeur, de revenir travailler avec nous pour reconstruire le parti", a estimé dimanche sur Franceinfo le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau.
Il y a urgence. Vendredi encore le sénateur de l'Hérault Jean-Pierre Grand a claqué la porte du parti, dénonçant des "rapprochements assumés avec l'extrême droite" dans son département.
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