Cet homme a été interpellé en provenance de Paris après des échanges entre les police française et écossaise, sur la base d'une "dénonciation anonyme", selon deux sources françaises proches de l'enquête. Arrêté à son arrivée, il est contrôlé et selon la police écossaise, ses empreintes correspondaient à l'homme recherché après le meurtre de sa femme et ses quatre enfants.
Mais selon plusieurs sources, des doutes sont apparus samedi sur l'identité de cet homme, dont la "comparaison ADN" permettrait d'éclaircir le mystère.
"Les enquêteurs se déplacent en Ecosse pour faire des vérifications sur l'identification, le juge d'instruction attend le résultat de cette démarche d'enquête", a déclaré le procureur de Nantes Pierre Sennès. "L'enquête se poursuit pour confirmer son identité", a indiqué de son côté la police écossaise.
Les certitudes sur les empreintes digitales se sont progressivement estompées, selon une source proche de l'enquête, sans plus de précisions. Un doute a aussi émergé avec la perquisition menée vendredi soir dans une maison de Limay (Yvelines), dont l'adresse figure sur le passeport de l'homme arrêté, a ajouté cette source.
La maison appartient à un septuagénaire d'origine portugaise, Guy Joao, marié depuis quelques années à une Ecossaise, selon des voisins interrogés par l'AFP. "C'est impossible" que ce soit lui, a déclaré l'un d'eux, Mario Vieira, retraité de 75 ans habitant une commune mitoyenne. Selon lui, l'occupant de la maison "est un homme sans histoire".
"C'est pas lui"
"Il est né à Limay, on est amis depuis plus de 45 ans, il travaillait avec moi à Renault Flins avant de prendre sa retraite il y a quatre ans", a expliqué M. Vieira, qui précise que son ami s'était "fait piquer ses documents d'identité dans sa sacoche à (l'aéroport, ndlr) Charles de Gaulle en 2014".
Nilda Thores, qui dit habiter là "depuis 20 ans" et l'avoir "toujours connu", rapporte: "Il nous gardait la maison. Il venait, il allait. En tout cas, c'est pas lui, le gars qu'on cherche".
Le procureur de Nantes avait appelé vendredi soir à la "prudence", en attendant l'arrivée samedi à Glasgow des enquêteurs du service national de recherche des fugitifs et de la police judiciaire de Nantes. L'homme arrêté gardait le silence vendredi soir.
Dans un tweet, la Cour d'appel de Rennes (dont dépend Nantes), a demandé samedi de "respecter les familles des victimes et la présomption d'innocence". "Instruit depuis le départ par les juges d'instruction de Nantes, le dossier continuera à l'être dans la même sérénité et impartialité", a-t-elle écrit.
Xavier Dupont de Ligonnès, qui a disparu depuis le meurtre en 2011 de sa femme et ses quatre enfants à Nantes, est activement recherché depuis cette date. A maintes reprises, des signalements sont parvenus aux enquêteurs dont les milliers de procès verbaux rédigés n'ont pas permis de dire s'il était mort ou vivant, s'il avait pu organiser sa fuite ou s'il s'était suicidé.
L'homme avait été aperçu pour la dernière fois en avril 2011: le 14 avril, il avait été filmé par la caméra d'un distributeur de billets, et le 15, il avait quitté à pied un hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens dans le Var avec, sur le dos, un étui pouvant contenir une carabine.
Six jours plus tard, les corps de sa femme et de ses quatre enfants étaient découverts, enterrés sous la terrasse de la maison familiale, enroulés dans des draps et de la chaux.
Agnès Dupont de Ligonnès, 48 ans, Arthur, 21 ans, Thomas, 18 ans, Anne, 16 ans, et Benoît, 13 ans, ont été tués à la 22 Long Rifle, vraisemblablement deux semaines plus tôt, entre le 3 et le 5 avril, d'au moins deux balles dans la tête. Une "exécution méthodique", selon les rapports d'autopsie.
Avec six jours de retard sur le père de famille, les enquêteurs avaient alors remonté le fil de son emploi du temps, sans percer l'énigme.
Plusieurs opérations et campagnes de fouilles ont été conduites dans le Var, département où la famille Dupont de Ligonnès avait habité dans les années 1990, notamment après des découvertes de cadavres non identifiés.
A plusieurs reprises, les enquêteurs ont été menés sur de fausses pistes par des témoins qui affirmaient avoir l'aperçu, comme ces fidèles du monastère de Roquebrune-sur-Argens, en janvier 2018.
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