Cela faisait des mois que le musée des Beaux-Arts de Rouen (Seine-Maritime) s'était positionné sur cette œuvre majeure du mouvement Arts et Crafts. Il s'est finalement porté acquéreur de Skeleton in Armor, un monumental cycle décoratif de Walter Crane de plus de 30 mètres. "C'est un sauvetage que l'on doit désormais concrétiser par une restauration", lance Sylvain Amic, directeur de la Réunion des musées métropolitains. L'ensemble, qui ne trouvait pas preneur, a bien failli être vendu en plusieurs fois. Et il est, par endroits, en très mauvais état : usure du temps, restauration précédente parfois grossière, les toiles ont aussi parfois été mal roulées ou entretenues, ce qui a laissé des traces.
La restauration coûtera même plus cher que l'acquisition de l'œuvre. Au moins 150 000 euros, selon les réponses à l'appel d'offres, seront obtenus par le musée. Via la plateforme Kiss Kiss Bank Bank, il espère obtenir 15 000 euros, pour associer la population à ce projet et à cette œuvre qui tombe dans le domaine public. La souscription est ouverte pendant encore 43 jours.
Certaines parties de l'œuvre sont très abîmées. - Pierre Durand-Gratian
Une épopée Viking
Les toiles de Walter Crane représentent une histoire d'amour entre un héros Viking et une femme, fille d'un prince norvégien. Un amour impossible, qui les poussera à fuir vers les contrées nord-américaines. Elle avait été commandée en 1883, par l'une des plus grandes fortunes américaines de l'époque, Catharine Lorillard Wolfe, pour la salle à manger de son manoir à Newport.
L'ensemble de sept toiles est directement inspiré du poème de Longfellow Skeleton in Armor. Le poète avait fantasmé cette histoire en se basant sur une croyance historique de l'époque, qui s'est révélée fausse par la fuite, selon laquelle les Vikings avaient colonisé cette partie de l'Amérique du Nord.
"En fait, les Vikings se sont installés dans les environs de Terre-Neuve au Canada, mais pas du tout à Rhode Island comme on le pensait encore au cœur du XIXe siècle", explique Diederik Bakhuÿs, conservateur chargé des peintures anciennes au musée des Beaux-Arts de Rouen. C'est pourtant à cet endroit qu'a été retrouvé un squelette dans une armure, dans une tour que l'on croyait viking, et qui s'est avérée être un moulin construit par les Anglais au XVIIe siècle.
Les imaginations ont fait le reste avec le poème, puis le cycle décoratif de Walter Crane : une histoire d'amour fantasmée, elle-même inspirée d'un fait historique inexistant.
Une aubaine pour les Beaux-Arts
L'œuvre n'en reste pas moins une très belle acquisition pour le musée des Beaux-Arts, qui souhaite enrichir ses collections avec de l'art anglais. "Nous avons identifié l'importance qu'il y avait à illustrer les rapports entre la Grande-Bretagne et la Normandie", explique le conservateur. La question de l'iconographie Viking est un autre aspect qui a attiré le musée des Beaux-Arts vers cette œuvre.
Une partie de l'œuvre est à découvrir jusqu'au 6 janvier 2020, au musée des Beaux-Arts de Rouen.
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