"Cette situation, ainsi que d'autres allégations infondées, perturbe de nombreux athlètes et les empêche de se concentrer sur leur entraînement et leurs compétitions", déclare le PDG de la marque à la virgule (The Swoosh), Mark Parker, dans un message interne. "J'ai donc pris la décision de mettre fin à l'Oregon Project."
Le patron de Nike continue toutefois de soutenir l'ancien entraîneur de Mo Farah, quadruple champion olympique et sextuple champion du monde (5.000 et 10.000 m), estimant qu'"une suspension de quatre ans pour quelqu'un qui a agi en toute bonne foi est une mauvaise décision".
L'agence américaine antidopage (Usada) "a établi qu'il n'y avait pas eu de dopage institutionnalisé, n'a trouvé aucune preuve que des médicaments destinés à améliorer les performances aient été utilisés sur des athlètes de l'Oregon Project et a souligné la volonté d'Alberto de respecter toutes les règles", argumente le patron de Nike, quelques jours après la fin des Mondiaux de Doha où les athlètes de Salazar ont raflé trois médailles d'or.
Projet créé en 2001
Il estime toutefois que "Alberto ne peut plus entraîner en attendant l'examen de son appel".
Le site du Nike Oregon Project n'est plus accessible et tous ses comptes sur les réseaux sociaux ont été fermés.
Plusieurs athlètes avaient réclamé cette fermeture, parmi lesquelles l'Américaine Kara Goucher, membre du groupe entre 2004 et 2011.
"Si j'étais Nike, je ferais venir de nouveaux entraîneurs et tournerais la page de cet Oregon Project, car il est clair que ses principes ne correspondent pas à ceux du sport propre et qu'il faut tout recommencer à zéro", a asséné Goucher, qui avait révélé à la BBC en 2015 qu'Alberto Salazar l'avait encouragée à prendre des médicaments pour la thyroïde pour l'aider à perdre du poids après une grossesse.
Elle a témoigné lors des deux audiences d'arbitrage qui ont mené à la suspension par l'Usada de l'ancien triple vainqueur du marathon de New York.
Injections trop importantes d'acides aminés (qui favorisent la combustion des graisses), expériences avec de la testostérone, documents médicaux falsifiés... l'Usada a mis au jour, après six ans d'enquête, une série de dérapages de Salazar.
Dans son rapport, l'agence antidopage américaine affirme que M. Parker était en copie de courriels sur l'avancée des recherches du Nike Oregon Project, créé en 2001 pour relancer l'élite de la course de fond aux Etats-Unis.
Expériences avec de la testostérone
Dans un courriel daté de 2011, Alberto Salazar explique, notamment au PDG de Nike, avoir injecté pour un test, à l'un des entraîneurs du NOP, un litre d'un mélange d'acides aminés et de dextrose (glucose), une dose nettement supérieure aux règles de l'Agence mondiale antidopage (AMA).
Deux ans plus tôt, dans un autre courrier électronique envoyé à Mark Parker, le Dr Jeffrey Brown, qui collabore au NOP et a lui aussi été suspendu quatre ans, évoquait des expériences menées avec de la testostérone sous forme de gel.
Dans une réponse, le PDG écrivait qu'il "serait intéressant de déterminer la quantité minimale d'hormone masculine requise pour déclencher un test positif".
Il s'est défendu la semaine dernière en affirmant que Salazar redoutait que "les athlètes Nike soient victimes de sabotage par quelqu'un qui leur appliquerait un gel de testostérone à leur insu".
Mais le patron de l'Usada, Travis Tygart, a appelé la semaine dernière Nike à "prendre ça comme un wake-up call". "Ils n'ont plus le droit de trouver d'excuses, ils doivent admettre que des expériences ont été réalisées sur des athlètes en leur nom et dans leur centre d'entraînement, et que c'était simplement mauvais", a-t-il ajouté.
L'affaire Salazar n'en finit plus de secouer l'athlétisme. Mardi, la fédération britannique, qui avait confié en 2013 un poste de consultant pour son programme d'endurance à l'entraîneur américain, a annoncé la démission de son directeur technique national, Neil Black, en poste depuis 2012.
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