Cet incident survient sur fond de vives tensions entre l'Iran d'un côté et l'Arabie saoudite et son allié américain de l'autre, alors que ces deux derniers ont récemment accusé Téhéran d'être derrière des attaques contre des sites pétroliers du royaume, allégations démenties par la République islamique.
Après l'incident de vendredi matin, le prix du Brent était en hausse de 2,3% à 60,46 dollars, et celui du West Texas Intermediate a augmenté de 2,1 % à 54,69 dollars.
La National Iranian Tanker Company (NITC), opérateur administrant la flotte de navires pétroliers de l'Iran, a déclaré que la coque du tanker Sabiti avait été touché par deux explosions à environ 100 km des côtes saoudiennes.
Les explosions "ont probablement été causées par des frappes de missile", a affirmé la NITC.
Equipage "sain et sauf"
"Tous les membres de l'équipage sont sains et saufs", a ajouté la NITC, précisant que les personnes à bord tentaient de réparer les dégâts, sur lesquels la compagnie n'a pas fourni de détails.
"Il n'y a pas d'incendie à bord", a affirmé la compagnie étatique, démentant des informations auparavant diffusées par la télévision d'Etat iranienne selon lesquelles le pétrolier avait pris feu après une explosion.
Selon la télévision d'Etat, il est possible que l'incident ait été causé par "une attaque terroriste".
Les explosions ont causé une fuite de pétrole en mer Rouge au large du port saoudien de Jeddah (ouest), a de son côté affirmé l'agence semi-officielle Isna.
Selon le site TankerTrackers, qui surveille les mouvements des navires-citernes, le Sabiti transporte un million de barils de pétrole et dit avoir le Golfe pour destination.
L'incident de vendredi est le dernier d'une longue série dans cette région du monde secouée par des conflits après notamment des attaques en Arabie saoudite, des saisies de tankers dans le Golfe et la destruction d'un drone américain par Téhéran.
En septembre, l'Arabie saoudite et les Etats-Unis, puis l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France ont accusé l'Iran d'être responsable de frappes aériennes contre deux sites pétroliers stratégiques dans l'est du royaume saoudien, qui avaient brièvement bondir les prix du brut de 20%.
Téhéran a nié toute implication dans ces attaques revendiquées par les rebelles Houthis du Yémen qui sont soutenus par l'Iran et combattus par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite.
Multiplication des incidents
Suite à l'attaque, le président américain Donald Trump avait affirmé que les Etats-Unis étaient "prêts à riposter", et Washington avait annoncé l'envoi de renforts militaires dans la région.
Ces attaques de septembre ont réveillé la crainte d'un affrontement militaire avec l'Iran, alors que Washington et Téhéran ont frôlé l'affrontement militaire direct en juin. M. Trump avait dit avoir annulé in extremis des frappes contre des cibles iraniennes après que la République islamique a abattu un drone américain.
L'attaque présumée de vendredi survient aussi après la saisie de plusieurs tankers par l'Iran ces derniers mois dans la région du Golfe et de l'arraisonnement en juillet au large de Gibraltar (extrême-sud de l'Espagne) d'un tanker iranien, autorisé à repartir le 15 août.
L'Iran, qui se considère comme le gardien du Golfe, dénonce la présence de forces étrangères dans la région et a menacé à plusieurs reprises de bloquer le détroit d'Ormuz, point de passage stratégique pour le commerce mondial de pétrole, en cas d'action militaire des Etats-Unis.
En mai et juin derniers, les Etats-Unis avaient imputé à l'Iran des attaques et des actes de sabotage contre des pétroliers dans la région du Golfe.
Washington a depuis formé une coalition militaire maritime pour protéger la navigation, rejointe par Ryad et Abou Dhabi.
L'Iran a de son côté présenté un projet régional de sécurité afin d'assurer "la sécurité énergétique et la liberté de navigation" dans les eaux du Golfe.
Les tensions irano-américaines n'ont cessé de croître depuis le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement de lourdes sanctions américaines contre l'Iran. Téhéran a répliqué en s'affranchissant progressivement de certains engagements de l'accord.
Première à réagir à l'incident de vendredi, la Chine s'est inquiétée d'une situation "très complexe et sensible" dans la région.
"Nous espérons que toutes les parties concernées feront preuve de retenue et ensemble protégeront la paix et la stabilité" dans cette région, a déclaré Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
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