Les Fatals Picards présentent sur la scène de l'espace de Forges-les-Eaux (Seine-Maritime), samedi 19 octobre 2019, un neuvième album baptisé Espèces menacées, qui n'a rien perdu de la fraîcheur originelle du groupe et de son incomparable fantaisie. Laurent Honel, le guitariste du groupe, répond à nos questions avec beaucoup de second degré.
Comment est né ce neuvième album ?
"Sur la route, à force de discussions, de lectures, d'échanges, d'arrêts à la station-service mais aussi chez nous, au terme de longues séances d'écriture qui nous ont permis de mettre en forme le fruit de nos réflexions sur le monde, tout en nous interrogeant sur les effets du calva après 23 heures. C'est Jean-Marc, notre batteur, qui a eu l'idée du titre de l'album. Il avait la vision d'un monde - celui du rock français - qui peinait à évoluer, à conserver de sa superbe, et puis, ça faisait aussi sens avec les problématiques actuelles."
Quels sont les nouveaux thèmes abordés dans cet album ?
"Ils sont assez nombreux dans la mesure où notre cahier des charges, c'est l'humour et le décalage autour de sujets de société. Nous parlons des interdits alimentaires dans Sucer des cailloux, de l'affaire Lafarge en Syrie dans Béton armé, des suprémacistes blancs dans Turlututu, des combats sociaux dans Un ciel de 1er mai… Il y a aussi le temps qui passe, la vie sexuelle d'Angela Merkel, le chien de Chantal Nobel - un clin d'œil que les plus anciens apprécieront. Bref, c'est assez varié. Il nous arrive aussi d'écrire des chansons sérieuses comme Mon arbre, qui parle du suicide dans le monde agricole : un sujet qui nous paraissait impossible à traiter avec légèreté. Mais le décalage nous permet d'aborder certains sujets avec un regard neuf : nous aimons bien l'idée de faire rire et danser les gens sur des chansons qui parlent de choses graves. On se dit que la gravité finira par avoir raison de la légèreté."
Espèces menacées a vu le jour grâce au crowdfunding. Pourquoi ce choix ?
"C'est la troisième fois que nous avons recours à ce système pour financer nos disques. L'idée, c'est que, pour être le plus indépendant possible, la seule personne sur laquelle le groupe puisse compter après autant d'années d'existence, c'est le public. Les fans, du fait de leur implication dans le processus, nous permettent de travailler sans pression, loin des circuits traditionnels, et c'est à eux uniquement que nous devons rendre des comptes, ce qui nous correspond parfaitement. En plus, avec le système des contreparties qui est un peu au crowdfunding ce que la Corona était à Jacques Chirac, nous avons vraiment la sensation d'établir une relation particulière, plus concrète que celle qui existait avant, quand il fallait faire des disques, non pour les fans, mais pour les bacs des disquaires."
Comment expliquez-vous votre popularité, après 19 ans de scène ?
"Ça doit être une erreur. Les gens ont dû nous confondre avec Dire Straits ou Superbus ! En fait, ça s'explique sûrement par l'originalité du projet. On peut ne pas aimer Les Fatals Picards, on peut même les détester, mais il me paraît difficile de remettre en cause la spécificité de l'ADN du groupe : ce mélange d'humour, de sérieux dans les thèmes abordés, d'énergie, de liberté de ton."
Samedi 19 octobre 2019 à 20h30 à l'Espace de Forges-les-Eaux. 25€. Tél. 02 32 89 80 80
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