A 22 ans, Biles n'en finit plus de repousser les limites des records qu'elle détient déjà : jamais, avant elle, une gymnaste n'avait été couronnée championne du monde plus de trois fois au concours général (le Japonais Kohei Uchimura a six titres), et jamais non plus un ou une gymnaste n'avait remporté plus de douze titres mondiaux.
Et la championne américaine fond sur un des rares qui lui échappe encore, le record absolu de médailles mondiales, établi par la légende bélarusse Vitaly Scherbo dans les années 1990 (23) : la voilà désormais à seulement une unité (22).
Il ne devrait pas survivre au week-end à venir, puisque la quadruple championne olympique en titre (concours général, sol, saut et par équipes) aura de multiples chances de l'égaler, et même de le dépasser au fil des quatre finales par agrès pour lesquelles elle est qualifiée, celles au saut et aux barres samedi, et celles à la poutre et au sol dimanche.
Biles: "Je me demande comment je fais"
"C'est vrai que ça fait beaucoup ! J'ai l'impression que ce n'est pas moi et je me demande parfois comment je fais", s'étonne Biles.
"Parfois, j'aimerais pouvoir m'extraire de mon corps pour me voir de mes propres yeux, parce que j'ai l'impression que je suis folle, imagine-t-elle. Ca m'arrive de regarder les vidéos après et de me demander comment j'ai fait ça."
Jeudi, Biles a totalisé un score de 58,999 pour remporter son deuxième titre mondial de la semaine, 48 heures après celui par équipes, avec pile deux points d'avance sur sa concurrente la plus proche, la Chinoise Tang Xijing (56,899). La Russe Angelina Melnikova (56,399) complète le podium.
La petite bombe texane a entamé son concours tambour battant par un excellent saut, récompensé par un 15,233. Puis elle a maintenu le rythme, jusqu'à signer le meilleur total de la finale sur trois des quatre agrès, saut donc, poutre (14,633) et sol (14,400). Aux barres, le seul qui lui résiste encore, elle n'a obtenu "que" la troisième note (14,733).
Côté français, Mélanie De Jesus Dos Santos, qui ambitionnait, à 19 ans, de devenir la première gymnaste française à se hisser sur le podium mondial du concours général, ne se classe que vingtième après deux chutes rédhibitoires aux barres asymétriques.
Elle a connu sa mésaventure, insurmontable, dès son deuxième agrès, ce qui lui a valu un fade 11,933.
DJDS: "C'est mort"
"Mentalement, je me suis dit: +C'est mort, je n'ai plus aucune raison de continuer+, mais rien que pour mon image, pour montrer aux gens que je suis capable de réussir, je me suis dit: Fais un effort, reste sur la poutre et fais un beau sol+, raconte "DJDS".
Comment expliquer cette défaillance, après un départ canon au saut ?
"Peut-être un petit trop de pression", lâche la triple championne d'Europe (concours général en 2019, sol en 2018 et 2019), qui se sentait pourtant "bien, en confiance", avait "de la bonne énergie" et "envie de réussir".
"Normalement, je sais gérer la pression, mais là, ça n'a pas marché", constate-t-elle tristement.
Seulement vingtième (53,566), De Jesus Dos Santos a même été devancée par sa jeune coéquipière Aline Friess (16 ans), qui s'est classée onzième (54,798). Il lui reste deux finales, au sol et à la poutre, pour montrer un autre visage.
"Je vais tout lâcher, tout donner, parce que je n'ai pas envie de repartir sans une médaille", promet-elle.
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