Touché par les difficultés du marché et la concurrence des pneus asiatiques à bas coûts, le groupe au Bibendum avait déjà annoncé il y a deux semaines la fermeture d'ici à 2021 de son usine de Bamberg (sud de l'Allemagne), qui emploie 858 salariés pour produire des pneus de voitures.
La direction va proposer la "négociation d'un accord portant sur un plan d'accompagnement des salariés" de La Roche avec des mesures de préretraite et des dispositifs de mobilité interne et externe, selon un communiqué du groupe.
"Michelin donnera à chaque salarié concerné la possibilité de rester au sein de l'entreprise en France", promet le géant français des pneumatiques, s'engageant en outre à lancer "un projet public-privé d'envergure pour donner un nouvel avenir au site" vendéen, qui fabrique des pneus poids lourds.
"Environ 120 millions d'euros" seront provisionnés pour financer l'opération.
"Notre objectif, c'est que tous les salariés retrouvent rapidement un emploi", et de "vérifier que l'emploi retrouvé est de qualité", au sein du groupe ou à l'extérieur, notamment sur "un territoire vendéen qui est très dynamique", a assuré à l'AFP une source proche de la direction.
Par ailleurs, 74 personnes travaillant à l'usine de Cholet (Maine-et-Loire) à la fabrication de "mélanges de gomme" pour La Roche-sur-Yon "sont concernées par le projet de fermeture". "Au-delà des mesures de préretraite", chacune "se verra proposer un nouveau poste sur le site" de Cholet, a précisé le groupe.
La fermeture du site vendéen aura aussi des répercussions sur les postes de 13 salariés à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), 2 à Vannes et 1 à Poitiers, mais tous pourront rester sur leur site sans modification de contrat de travail, a indiqué à l'AFP la direction des ressources humaines de Michelin France.
Les salariés du site vendéen, qui redoutaient depuis des semaines cette décision, ont été informés jeudi en début de matinée. La veille, la CGT avait appelé à la grève, après un premier débrayage le 4 octobre.
"Trahison"
"On reste relativement solidaires. Les plus anciens ont déjà subi des fermetures d'usine", indiquait à l'AFP dès mercredi soir, fataliste, un ouvrier âgé d'une trentaine d'années sous couvert de l'anonymat, qui déplorait "un marché asiatique hyper invasif, avec des coûts de fabrication moindres".
Fin septembre, le président du groupe, Florent Menegaux, avait confirmé les craintes syndicales en évoquant la "situation très préoccupante" de La Roche-sur-Yon.
Le "pacte d'avenir" lancé en 2016 "pour renforcer l'activité du site" vendéen, créé en 1971, n'a "pu produire les effets attendus" malgré "70 millions d'euros d'investissements", a expliqué Michelin.
En cause, les "difficultés du marché des pneus poids lourds haut de gamme, tant en Europe qu'à l'export" avec notamment un marché européen attendu sans croissance" et une "concurrence exacerbée".
Un argument insuffisant pour le syndicat SUD Michelin, qui dénonce une "trahison". Les salariés "ne sont pas responsables de la calamiteuse stratégie de marge et de prix par Michelin qui conduit à cette catastrophe sociale", a estimé le troisième syndicat du groupe dans un communiqué, appelant à une "grève illimitée" et à "un rendez-vous de toute urgence" avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
"Nous sommes inquiets de la dérive du groupe Michelin", a estimé auprès de l'AFP Jean-Christophe Laourde, délégué syndical central CFE-CGC, premier syndicat chez Michelin. "On sacrifie des emplois" pour "un objectif de rentabilité financière à court terme", s'est-il indigné, alors que l'entreprise enregistre "des résultats opérationnels exceptionnels pour l'industrie lourde".
"Quand je pense que (l'ancien patron de Michelin Jean-Dominique) Sénard, en 2014, nous disait : +La Roche-sur-Yon, c'est une usine d'avenir, elle sera là encore dans trente ans+. Aujourd'hui son successeur nous dit +c'est pas de notre faute si on ferme, c'est les marchés+", a déploré M. Laourde.
Michelin employait quelque 110.000 salariés (équivalent temps plein) fin 2018, dont plus de 20.000 en France où l'entreprise possède une quinzaine d'implantations industrielles.
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