"A présent, nous avons besoin d'actes et plus seulement de paroles" pour protéger les lieux de cultes, a dénoncé le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, dans un communiqué, après l'attaque qui a fait deux morts.
Surtout, "nous devons constituer un front uni contre les néo-nazis et autres groupes extrémistes. Le fait qu'ils gagnent en influence en Allemagne 75 ans après l'Holocauste est très parlant", a-t-il ajouté.
Mercredi, jour de Yom Kippour, la grande fête religieuse juive, un Allemand de 27 ans, présenté comme Stefan B. par les médias, a fait irruption lourdement armé devant les portes de la synagogue de Halle, à 170 km au sud-ouest de Berlin.
Vêtu d'une veste militaire, coiffé d'un casque surmonté d'une caméra filmant l'assaut, il avait l'intention d'y commettre un carnage dans l'édifice où étaient réunis environ 80 fidèles.
Il n'en a été empêché que par les portes fermées à double tour par mesure de sécurité, qui ont résisté à ses tirs de fusil à pompe.
"Dieu voulait aujourd'hui que nous vivions", a témoigné sur les réseaux sociaux une des fidèles, Rebecca Blady. "Nous sommes sains et saufs, en train d'essayer de comprendre ce qui s'est passé".
L'assaillant a alors tué une passante puis un client d'un restaurant turc à proximité avant d'affronter la police, qui finira par le blesser puis l'arrêter lors d'une course poursuite.
Christchurch
Les autorités doivent donner dans la journée des détails sur son profil et ses éventuels antécédents lors d'une conférence de presse. L'homme au crâne rasé a agi seul, de manière semble-t-il assez improvisée.
Et surtout en s'inspirant de la mise en scène de l'extrémiste de droite australien responsable en mars de l'attentat contre des mosquées en Nouvelle-Zélande qui avait fait 51 morts. Son film a été diffusé là aussi sur internet.
La plateforme de diffusion de jeux vidéos Twitch a précisé que le direct avait duré 35 minutes, avec cinq spectateurs seulement. Puis 2.200 autres pour la rediffusion, avant la suppression de la vidéo.
La chancelière Angela Merkel et tous les dirigeants allemands ont condamné cet acte. Mais cette fois la communauté juive ne veut pas en rester là, dans un contexte de hausse continue des actes antisémites dans le pays, venant des milieux d'extrême droite mais aussi pour une partie de musulmans parmi les migrants arrivés dans le pays depuis 2015.
"Je ne comprends pas du tout que la synagogue de Halle n'ait eu aucune protection policière lors de la plus importante journée juive de célébration", a critiqué le président du Conseil central des Juifs d'Allemagne, Josef Schuster.
L'an dernier, les actes antisémites de tous ordres en Allemagne ont augmenté de près de 20% par rapport à 2017, à 1.799, selon les statistiques de la police.
La mouvance néonazie est à l'origine d'une bonne partie d'entre eux, dans un contexte d'essor continu de l'extrême droite politique en Allemagne, qui veut en finir avec la culture du repentir national pour les horreurs du IIIe Reich.
"Peur"
"Nous avons peur. J'ai reçu hier déjà de nombreux messages de personnes qui m'ont dit qu'elles ne viendraient pas parce qu'elles avaient peur. Cela doit changer!", a affirmé mercredi soir la rabbine de la Nouvelle Synagogue de Berlin, Gesa Ederberg, lors d'un rassemblement auquel Angela Merkel a participé en signe de solidarité.
L'attaque de Halle "nous ouvre brutalement les yeux sur l'hydre qu'est devenu entretemps le terrorisme d'extrême droite", s'inquiète jeudi le quotidien Süddeutsche Zeitung.
L'attentat intervient après le meurtre en juin d'un élu pro-migrants du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel (CDU). Le principal suspect est un membre de la mouvance néonazie.
D'autre élus soutenant les étrangers ont été agressés au couteau, après l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile en 2015 et 2016.
Cette affaire a créé une onde de choc dans le pays et rappelé la tuerie xénophobe d'un groupuscule néonazi, NSU, responsable du meurtre d'une dizaine d'immigrés en Allemagne entre 2000 et 2007.
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