L'issue du clash constitutionnel qui démarre sera lourde de conséquences pour le milliardaire républicain, mais constituera aussi un test pour les institutions démocratiques américaines.
La stratégie de la Maison Blanche est claire: bloquer toutes les demandes, tenter de convaincre l'électorat républicain que la procédure en cours n'est qu'une basse manœuvre politique et se servir de cette dernière pour galvaniser les troupes pour l'élection de 2020.
"Les démocrates-qui-ne-font-rien sont obsédés par une seule chose: nuire au parti républicain et au président", a tweeté Donald Trump mercredi matin. "La bonne nouvelle, c'est que NOUS ALLONS GAGNER!!!!".
Dans un courrier de huit pages aux accents plus politiques que juridiques, l'avocat de la présidence Pat Cipollone, a informé mardi le Congrès que l'administration Trump ne participerait pas à une enquête "partisane et anticonstitutionnelle".
Pour le chef de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Steny Hoyer, qui a rappelé que "personne n'était au-dessus des lois", cette missive ne change rien au fond du dossier.
"Les Américains méritent de connaître les faits et la Chambre ne relâchera pas ses efforts pour mettre en lumière la conduite du président", a-t-il écrit.
L'"impeachment" est avant tout affaire de volonté politique et la perception dans l'opinion publique de la procédure jouera un rôle crucial dans les semaines à venir.
Les démocrates, qui ont souvent des difficultés à trouver le bon ton, ou la bonne stratégie face au style résolument provocateur de Donald Trump, s'efforcent de démontrer que l'affaire ukrainienne est de nature différente des scandales qui ont jusqu'ici éclaboussé sa présidence.
Le point de départ est simple: un échange téléphonique, au coeur de l'été, entre le président des Etats-Unis et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky au cours duquel M. Trump lui a demandé de chercher des informations compromettantes sur son rival Joe Biden.
Lanceur d'alerte dans le viseur
Empêcher le Congrès d'avancer dans son enquête pourrait constituer une entrave à la justice, rappellent-ils par ailleurs, soulignant que cela avait été l'un des trois motifs de destitution retenus à l'encontre du président Richard Nixon en 1974, avant sa démission.
La première salve a été tirée mardi par la Maison Blanche qui a interdit à l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne Gordon Sondland, un "acteur-clé" dans l'affaire ukrainienne, de témoigner devant les élus.
Les chefs démocrates des commissions chargées des investigations ont immédiatement riposté en lui adressant une injonction exigeant qu'il témoigne le 16 octobre et présente des documents que le département d'Etat refuse de livrer.
Les élus espèrent par ailleurs entendre vendredi l'ancienne ambassadrice des Etats-Unis à Kiev, Marie Yovanovitch, que Donald Trump avait critiquée lors de l'appel.
Pour l'heure, Donald Trump accentue ses attaques contre le lanceur d'alerte - dont l'identité est tenue secrète - dans l'espoir de le décrédibiliser.
N'ayant pas assisté à l'appel, ce dernier s'est basé sur les témoignages de personnes présentes, dont un responsable de la Maison Blanche "visiblement sous le choc", qui avait décrit un échange "fou" et "effrayant", d'après des extraits de ses premières notes publiées par des médias américains.
"L'avocat du lanceur d'alerte est un gros démocrate. Le lanceur d'alerte a des liens avec l'un de mes opposants démocrates", a tweeté Donald Trump, appelant ce dernier à "s'excuser" et les élus à mettre fin à leur auditions "ridicules".
Le président américain qui retrouvera cette fin de semaine les estrades de campagne - jeudi dans le Minnesota et vendredi en Louisiane - devrait avoir l'occasion de tester son message devant des foules toutes acquises à sa cause.
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