L'électricien, qui vise maintenant un chargement du combustible fin 2022, a présenté mercredi sa solution privilégiée retenue pour effectuer les travaux complexes de réparation.
EDF avait planché sur trois scénarios pour réparer les soudures du réacteur de nouvelle génération, qui doivent être reprises à la demande de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
"Le scénario de reprise des soudures de traversées privilégié par EDF est l'utilisation de robots télé-opérés, conçus pour mener des opérations de grande précision à l'intérieur des tuyauteries concernées", a expliqué le groupe, qui dispose aussi d'une solution de repli.
Les réparations s'annoncent complexes car elles concernent huit soudures difficilement accessibles, situées dans la traversée de l'enceinte de confinement, la grosse structure de béton qui doit retenir les éléments radioactifs en cas d'accident.
Ce scénario privilégié se traduit par "une date de chargement du combustible à fin 2022" et conduit "à ré-estimer le coût de construction à 12,4 milliards d'euros, soit une augmentation de 1,5 milliard d'euros", a souligné EDF.
Le coût prévu de l'EPR de Flamanville était en effet annoncé jusqu'à présent à 10,9 milliards, déjà trois fois plus que l'estimation initiale.
Le "plan B" - si la solution des robots n'était pas validé par l'ASN - est "fondé sur l'extraction et la remise à niveau dans les bâtiments auxiliaires de sauvegarde" pour les soudures problématiques.
Dans ce cas, cela conduirait "vraisemblablement à un délai supplémentaire de l'ordre d'une année et un coût supplémentaire de l'ordre de 400 millions d'euros", a indiqué Xavier Ursat, directeur de l'ingénierie et des projets "nouveau nucléaire" d'EDF, lors d'une conférence téléphonique. Mais il a jugé la probabilité "faible" d'avoir recours à cette solution alternative.
"moments difficiles"
"EDF nous a consulté en amont pour choisir leur solution de réparation", a de son côté indiqué l'ASN, interrogée par l'AFP.
"Ils devront ensuite transmettre à l'ASN un dossier réglementaire, qui devra démontrer la conformité de l'équipement réparé. Il s'agira notamment de montrer que le procédé de soudage retenu permet d'atteindre les propriétés et le niveau de qualité requis", a-t-on poursuivi.
"Des essais seront ainsi réalisés pour qualifier le procédé", précise le gendarme du nucléaire.
L'affaire des soudures constitue une énième déconvenue pour l'électricien, qui prévoyait ces dernières années de démarrer l'EPR de Flamanville fin 2019, pour une mise en service commerciale en 2020, quand le calendrier initial tablait sur 2012. Mais EDF avait déjà prévenu cet été que son démarrage n'aurait finalement pas lieu avant fin 2022.
EDF rencontre aussi des difficultés sur son chantier anglais. Il a récemment annoncé un nouveau surcoût pouvant aller jusqu'à 3,3 milliards d'euros pour les deux réacteurs EPR qu'il construit à Hinkley Point C en Angleterre.
Les problèmes à Flamanville ont conduit le gouvernement à commander à l'ancien PDG de PSA Jean-Martin Folz un audit, qui doit être remis le 31 octobre.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déjà promis qu'il en tirerait "toutes les conséquences à tous les étages", y compris chez EDF.
Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy a pour sa part promis début octobre des "décisions concrètes" à venir sur la filière nucléaire pour "collectivement tirer les leçons de cette situation".
"Il ne faut pas se voiler la face, la filière nucléaire française vit des moments difficiles parce que s'accumulent des problèmes de qualité industrielle dans la réalisation des chantiers. De ce fait, les devis, les délais ne sont pas respectés", a-t-il reconnu.
L'hypothèse d'un abandon pur et simple du chantier de Flamanville avait été abordée en conseil d'administration il y a quelques mois mais jamais vraiment envisagée par l'Etat, qui contrôle le capital de l'entreprise.
Un nouveau conseil d'administration réuni mardi "a approuvé la poursuite du chantier de l'EPR de Flamanville", a simplement précisé EDF.
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