Après de plates excuses des Rockets et de la NBA, Adam Silver a changé de cap mardi en défendant le directeur général de l'équipe texane, Daryl Morey, qui avait appelé la semaine dernière à soutenir les manifestations pro-démocratie à Hong Kong.
La ligue de basket nord-américaine ne va pas "réglementer ce que les joueurs, ses salariés et les propriétaires de clubs disent ou ne disent pas sur ces questions", a-t-il déclaré.
"Nous ne nous excusons pas pour le fait que Daryl fasse usage de sa liberté d'expression", a ajouté cet avocat de formation de 57 ans, originaire de New York.
Une sortie en demi-mesure pour certains, mais qui n'a pas manqué de vexer la télévision d'Etat chinoise CCTV, qui a annoncé "suspendre" la diffusion des deux matches d'exhibition prévus cette semaine dans le pays.
La NBA, qui pèse plusieurs dizaines de milliards de dollars, est très longtemps restée silencieuse sur les sujets sensibles, surtout quand ils pouvaient porter atteinte à son chiffre d'affaire.
Son ancien patron David Stern, au pouvoir entre 1984 et 2014, veillait particulièrement à ce que son championnat conserve une image lisse et modérée, susceptible de plaire aux classes moyennes américaines.
Les prises de parole politiques des joueurs étaient déconseillées et David Stern s'est même retrouvé accusé de racisme quand, en 2005, il a imposé son "dress code" aux joueurs, blessés ou suspendus, qui ne participaient pas aux matches.
Sous l'impulsion du mouvement hip-hop, beaucoup de basketteurs avaient fait leur la mode des rappeurs et de la rue, arborant pantalons baggys, t-shirts XL et bijouterie clinquante.
Inquiet que cela puisse effrayer les classes moyennes blanches, David Stern avait imposé une tenue plus formelle.
"Inclusion, respect, diversité"
Mais depuis son arrivée en 2014, Adam Silver a tenu à se montrer plus en phase avec les aspirations de ses joueurs noirs, environ 75% du total des joueurs de la ligue, expliquant avoir une "obligation particulière" en ce sens.
Il les encourage, explique-t-il, à donner leurs points de vue sur la politique du pays, "comme n'importe quel Américain".
Lors d'une interview en 2016 au site d'ESPN The Undefeated, il avait rappelé les valeurs cardinales, à ses yeux, de la NBA: "L'inclusion, le respect, la diversité".
En septembre de cette même année, alors que beaucoup de stars du basket protestaient contre les violences policières et les tensions raciales qui meurtrissent le pays, il avait expliqué vouloir accompagner les joueurs pour "parvenir à des actions fortes".
De quoi trancher avec David Stern, qui, de son propre aveu, était accusé d'avoir "une mentalité des plantations" lors des négociations concernant la convention collective de la ligue et les salaires des joueurs.
Dans un entretien le mois dernier, il avait reconnu que, sous la direction de son successeur, la NBA "pouvait vraiment prouver son ouverture la plus totale".
Adam Silver, qui a été vu participant à la Gay Pride à New York aux côtés de Jason Collins, le premier joueur du championnat à avoir annoncé son homosexualité, avait également annulé la tenue du All Star Game --grand rendez-vous annuel opposant les meilleurs joueurs du championnat-- à Charlotte en 2017.
La raison? Le vote en Caroline du Nord d'une loi controversée et jugée discriminatoire envers les personnes transgenres.
Ce texte imposait à une personne l'utilisation de toilettes publiques en fonction de son sexe de naissance, et non selon le sexe auquel elle s'identifie.
Après un an de bataille, les parlementaires de l'Etat étaient finalement revenus en arrière et la ville de Charlotte a obtenu son All-Star Game, en 2019.
Dans le cas chinois, restera à trouver un juste milieu entre liberté d'expression et intérêts économiques pour M. Silver, qui a expliqué être "réaliste" et vouloir rencontrer les responsables chinois lors de son voyage à Shanghai cette semaine, pour un match d'exhibition entre Lakers et Nets.
Selon les différentes estimations, entre 500 et 800 millions de Chinois ont regardé un match de NBA l'année dernière. Un marché à nul autre pareil.
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