Déjà distinguée par le "Nobel alternatif" (le Right Livelihood) et un prix d'Amnesty International, la jeune fille, âgée de 16 ans, tient la corde sur les sites de paris en ligne avant l'attribution de la plus prestigieuse de toutes les récompenses vendredi à Oslo. Chez Ladbrokes, sa cote est tombée à 1,50.
Elle-même serait ouverte à cette idée... "Cela amènerait au mouvement une reconnaissance, une force et le rendrait plus général encore", a-t-elle confié à la Radio télévision suisse (RTS).
De sa "grève de l'école", seule, devant le Parlement suédois aux rassemblements auxquels participent désormais des millions de jeunes dans le monde, l'adolescente aux longues tresses a, en l'espace d'un an, provoqué un électrochoc dans l'opinion publique sur la question climatique.
Fin septembre, elle a marqué les esprits en apostrophant les dirigeants de la planète dans une intervention corrosive à New York : "Comment osez-vous ? Vous avez volé mes rêves et mon enfance", a-t-elle lancé, après avoir franchi l'Atlantique sur un voilier.
Un réveil des consciences susceptible de lui valoir le Nobel ? "Extrêmement improbable", juge le directeur de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo (Prio), Henrik Urdal.
Deux raisons à cela, selon lui : un lien entre changement climatique et conflit armé qui reste à établir scientifiquement et l'âge, encore très tendre, de la jeune fille, pour qui la récompense pourrait vite se transformer en fardeau.
"La seule façon pour que ça se produise serait de partager le prix (avec quelqu'un d'autre, ndlr) comme Malala", l'adolescente pakistanaise primée en 2014, à 17 ans, aux côtés de l'Indien Kailash Satyarthi, précise M. Urdal.
"Bien sûr, elle est une star internationale, aux prises avec Donald Trump, et elle a braqué mieux que quiconque la lumière sur le changement climatique (mais) ce qui joue contre elle, c'est qu'elle n'a que 16 ans", confirme l'historien Asle Sveen, un spécialiste du Nobel. "Je serais très surpris".
Même si un tel prix ferait sans doute tiquer ses parents, "Greta" est "une candidate sérieuse", estime cependant Dan Smith, le directeur de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
"Ce qu'elle a fait au cours de l'an passé est extraordinaire", explique-t-il à l'AFPTV. "Le changement climatique est un problème qui est étroitement lié à la sécurité et à la paix", ajoute-t-il.
Pied de nez aux "fake news" ?
Artisan de la réconciliation de son pays avec l'Erythrée, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed est un des favoris des experts.
"Abiy Ahmed serait un bon candidat, son mandat ayant eu des effets pacificateurs dans le pays, moins autoritaire, et dans la région", note le professeur suédois Peter Wallensteen, un spécialiste des questions internationales.
Tout pronostic relève de la gageure puisque, des candidatures soumises au comité Nobel norvégien, on ne connaît que le nombre -301 cette année-, les noms n'ayant pas été révélés.
Pour ceux qui se prêtent au jeu des devinettes, le comité pourrait mettre l'accent sur la liberté de l'information à l'heure où celle-ci est l'objet d'énormes pressions dans les régimes autoritaires mais aussi dans les démocraties occidentales.
"A l'ère des +fake news+, de l'excès d'info (...) et du manque de transparence, de responsabilité dans de nombreux processus politiques, j'espère que c'est quelque chose que le comité considérerait très sérieusement", souligne M. Urdal.
Des associations de défense des médias comme Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) sont ainsi évoquées.
Autres noms qui circulent à un moment où les crises migratoires occupent toujours les devants de la scène : ceux du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) et de son chef, Filippo Grandi, ou bien de l'organisation SOS Méditerranée.
Ladbrokes a aussi ouvert les paris sur des prétendants supposés plus ou moins fantaisistes : la star américaine du football Megan Rapinoe côtoie ainsi son épouvantail politique, Donald Trump, offert à la cote avec le leader nord-coréen Kim Jong Un.
La réponse tombera vendredi à 11H00 (09H00 GMT) à l'Institut Nobel d'Oslo.
L'an dernier, le prix - une médaille d'or, un diplôme et une somme de neuf millions de couronnes suédoises (environ 830.000 euros)- avait récompensé deux champions de la lutte contre les violences sexuelles, le gynécologue congolais Denis Mukwege et la Yazidie Nadia Murad.
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