"La persistance de points chauds sur les sites concernés ne permettait pas jusqu'à présent de procéder aux constatations sur le terrain", a expliqué dans un communiqué Rémy Heitz, le procureur de la République de Paris, dont le pôle Santé publique a repris les investigations en raison notamment de leur complexité et de l'ampleur du sinistre.
Les constatations sur le site seront réalisées par 13 enquêteurs de la Gendarmerie nationale (dont six experts incendie). Des policiers de l'Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique) et de la police judiciaire seront aussi présents en soutien. "Ces opérations dureront plusieurs jours", a précisé le procureur.
Jeudi 26 septembre, un gigantesque incendie a détruit chez Lubrizol, une entreprise de produits chimiques classée Seveso seul haut, 5.253 tonnes de produits chimiques. L'incendie a aussi touché trois entrepôts de son voisin Normandie Logistique qui stockait plus de 9.000 tonnes de produits sur son site. Mais on ne sait pas encore quels produits ont brûlé, ni leur quantité.
La société Lubrizol, qui se base sur "la vidéosurveillance et des témoins oculaires", a affirmé la semaine dernière que l'incendie avait vraisemblablement commencé à l'extérieur de son site. Elle s'est néanmoins engagée vendredi à participer à la réparation des conséquences de l'incendie.
Samedi Christian Boulocher, directeur général de Normandie Logistique, a répliqué dans un entretien à Paris Normandie qu'"à ce jour, aucun indice ne nous permet de penser que" l'incendie "puisse être parti de chez nous".
"Dans le principe, ils (les industriels) auront à prendre en charge tous les dégâts causés par cet incendie (...) y compris les préjudices pour les agriculteurs", a affirmé mardi la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, sur RMC/BFM, rappelant le principe du "pollueur-payeur".
Les constatations de terrain qui commencent mardi sont donc primordiales pour déterminer d'où est parti l'incendie... et savoir qui paiera la note.
130 plaintes
Suite à l'incendie qui a répandu une odeur nauséabonde sur toute la ville et dégagé un important nuage noir, long de 22 kilomètres et large de six, répandant des suies sur son passage, environ 130 plaintes ont été déposées à ce jour.
Les plaignants ont des "profils très très différents". De la "gêne respiratoire" au "chauffeur de bus qui a passé sa journée du jeudi de l'incendie à travailler qui le soir s'est retrouvé complètement évanoui à l'agriculteur qui a dû voir toute sa récolte mise en l'air", a expliqué mardi sur France Bleu Normandie Me Jonas Haddad, un avocat de Rouen qui a regroupé plusieurs dizaines de plaintes.
Mardi le maire socialiste de Rouen Yvon Robert a annoncé qu'il allait aussi "porter plainte, sans doute contre X, au nom de la commune de Rouen et de la Métropole de Rouen dans les prochains jours".
Outre l'origine de l'incendie, de nombreuses questions demeurent sur les conséquences sanitaires de la catastrophe.
Vendredi sont attendues des analyses complémentaires menées dans les exploitations agricoles survolées par le nuage, et actuellement sous le coup de restrictions. Celles-ci touchent actuellement une centaine de communes en Normandie et dans les Hauts-de-France, soit environ 3.000 agriculteurs qui ont au moins une parcelle sur une des communes concernées.
Dimanche, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait qualifié de "très rassurantes" les premières analyses sur une éventuelle contamination des produits alimentaires par des dioxines.
Preuve de l'inquiétude toujours présente dans la population, mardi une nouvelle manifestation, à l'appel notamment de syndicats et associations, est prévue à 18H00 devant le palais de justice de Rouen, "pour la transparence, la vérité et une expertise indépendante" sur l'incendie.
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