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Tuerie de la préfecture: Castaner admet des "failles" mais exclut de démissionner

Des "failles" mais pas de démission: sous le feu des critiques depuis la tuerie de la préfecture de police, Christophe Castaner a admis dimanche des "dysfonctionnements" dans le suivi de l'assaillant, proche de l'islam radical, tout en estimant être victime d'un "procès politique".

Tuerie de la préfecture: Castaner admet des "failles" mais exclut de démissionner
Christophe Castaner le 17 septembre 2019 à Marseille - CLEMENT MAHOUDEAU [AFP/Archives]

"Évidemment, il y a eu des failles (...). Évidemment, il y a du dysfonctionnement", a reconnu le ministre de l'Intérieur sur TF1, trois jours après l'attaque sanglante perpétrée par Mickaël Harpon, l'employé de la préfecture de police (PP), qui a poignardé à mort quatre fonctionnaires jeudi.

Selon les premiers enseignements de l'enquête, désormais aux mains des services antiterroristes, cet homme de 45 ans a pu adhérer à l'islam radical et fréquenter des personnes proches des milieux salafistes alors qu'il était employé dans le prestigieux service de renseignement de la PP.

Invité au JT de 13 heures, M. Castaner a estimé que le principal "dysfonctionnement" remontait à juillet 2015: M. Harpon, converti à l'islam depuis une dizaine d'années, aurait justifié devant des collègues l'attentat de Charlie Hebdo qui s'était produit quelques mois auparavant.

Selon M. Castaner, un policier en charge de la radicalisation avait alors rencontré des collègues de M. Harpon, qui auraient décidé de ne pas faire remonter de signalement administratif à leur hiérarchie. "Le dysfonctionnement se fait à ce moment-là", a déclaré le ministre.

Critiqué pour avoir déclaré après la tuerie que M. Harpon "n'avait jamais présenté de difficultés comportementales" ni "le moindre signe d'alerte", M. Castaner a mis en avant cette faille pour se justifier.

"Je suis affirmatif dans le fait qu'aucun signe n'était apparu dans le dossier administratif de l'individu qui laisse penser qu'il puisse être radicalisé. Je vous le redis et je le dis hélas car si un signe était apparu, peut-être aurions nous pu éviter cela", a déclaré le ministre, appelant à "abandonner le procès politique" instruit, selon lui, par ceux qui réclament sa démission notamment à droite et à l'extrême droite.

"La question (de ma démission, ndlr) se pose-t-elle? Non", a ainsi tranché M. Castaner, qui a reçu le soutien du Premier ministre Edouard Philippe dans les colonnes du JDD, où il a également annoncé deux missions sur la radicalisation des agents chargés de la lutte antiterroriste.

Le patron du parti présidentiel Stanislas Guerini a, lui, dénoncé dimanche l'attitude "irresponsable" de ceux qui font "la course à l'échalote" avec l'extrême droite en demandant la démission de M. Castaner.

- Pas de cellule jihadiste -

Plusieurs fois fragilisé depuis son arrivée place Beauvau à l'automne 2018, le ministre est toutefois loin d'en avoir fini avec la controverse: il devra s'expliquer mardi à huis clos devant la délégation parlementaire au renseignement, a indiqué son président Christian Cambon à l'AFP.

En attendant, des éléments cruciaux de l'enquête restent à éclaircir, notamment le rôle trouble de l'épouse de M. Harpon, en garde à vue depuis jeudi, et la quantité d'informations sensibles auxquelles l'assaillant a pu avoir accès à la préfecture, où il travaillait depuis 2003.

"Nous ne savons pas les informations auxquelles il a eu accès. Pour l'instant nous n'avons pas de raison de penser qu'il a pu transmettre des informations", a déclaré dimanche sur BFMTV le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nuñez. "Il faut qu'on y voit clair le plus vite possible là-dessus".

Le secrétaire d'Etat a en tout cas "à ce stade" écarté l'hypothèse selon laquelle l'assaillant aurait pu faire partie d'une cellule jihadiste.

M. Nuñez a par ailleurs exclu tout changement rapide à la tête de la DRPP --où travaillait M. Harpon-- ou une réforme de ce service susceptible d'être intégré à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

"Pour l'instant, ce genre de questions ne se pose pas. La priorité, c'est l'investigation", a affirmé celui qui dirigea la DGSI de 2017 à 2018. "S'il y a eu des dysfonctionnements, il y aura des sanctions", a-t-il cependant promis.

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