La reconduction au pouvoir de l'ancien maire de Lisbonne d'origine indienne confirmerait que le pays reste l'un des rares d'Europe où les socialistes ont le vent en poupe et où l'extrême droite ne perce pas.
Selon les derniers sondages publiés vendredi, Antonio Costa, 58 ans, est crédité de 36 à 39% des intentions de vote contre 25 à 30% pour son principal adversaire, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit) de l'ancien maire de Porto (nord), Rui Rio.
S'il se confirmait, un tel résultat renforcerait sensiblement les socialistes au sein du nouveau parlement de 230 sièges mais sans leur offrir la majorité absolue. Ce qui obligera M. Costa à chercher des appuis parmi les autres formations de gauche.
Les bureaux de vote ouvrent à 07H00 GMT et des projections à la sortie des urnes sont attendues dès 19H00 GMT.
Après les années de coupes budgétaires sévères qui ont suivi le sauvetage financier du pays par l'Union européenne et le Fonds monétaire international en 2011, l'ex-maillon faible de la zone euro se porte beaucoup mieux.
Forte croissance, déficit en baisse
La croissance est au plus haut depuis le début des années 2000 (3,5% en 2017 et 2,4% en 2018), le chômage est revenu à son niveau d'avant-crise et le déficit public devrait être ramené à 0,2% cette année.
La recette du socialiste - accélérer la levée des mesures de rigueur imposées par les bailleurs de fonds du Portugal tout en profitant de la conjoncture favorable pour continuer à réduire le déficit - a été son meilleur argument électoral.
"Avec moi, les Portugais savent qu'il n'y aura ni radicalismes ni retours en arrière", a déclaré M. Costa vendredi, aux côtés de son populaire ministre des Finances, le président de l'Eurogroupe Mario Centeno.
"Chaque voix compte et il faut un PS fort pour garantir quatre années supplémentaires de stabilité", a-t-il ajouté au dernier jour de campagne.
Rui Rio a déjà semblé accepter sa défaite. "Ce serait agréable de pouvoir dire que je suis presque sûr de gagner, mais ce n'est pas le cas", a reconnu vendredi le chef de l'opposition de droite.
Le chef du PSD a toutefois réussi ces dernières semaines à réduire l'écart le séparant d'Antonio Costa dans les sondages.
Il a notamment centré ses attaques sur une rocambolesque affaire liée au vol de matériel de guerre d'une caserne de l'armée, dans laquelle a été impliqué l'ancien ministre de la Défense du socialiste.
L'extrême gauche affaiblie mais indispensable
Costa a lui fait un faux-pas en toute fin de campagne en se mettant en colère vendredi contre un électeur qui mettait en cause sa gestion des feux de forêts meurtriers de l'été 2017, qui ont été de son propre aveu le moment le plus difficile de son mandat.
Mais, grâce à son bon bilan économique, le Premier ministre sortant a aussi mis à mal ses alliés du Bloc de Gauche (extrême gauche) et du Parti communiste qui devraient ensemble récolter environ 17% des voix, soit un score légèrement inférieur à celui de 2015.
Probable surprise du scrutin, le petit parti animaliste PAN fondé par un philosophe bouddhiste pourrait lui confirmer sa percée avec 3 à 4% des voix et compter dans le rapport de forces au sein du nouveau parlement.
Selon Frederico Santi, analyste du cabinet Eurasia Group, "l'issue la plus probable est un gouvernement minoritaire du PS avec le soutien des partis de la gauche radicale ou, hypothèse moins vraisemblable, avec celui du PAN".
Une dépendance à l'égard de l'extrême gauche dont M. Costa aurait préféré se passer. D'autant qu'"il lui sera plus difficile de faire des concessions à sa gauche dans une conjoncture économique qui s'annonce moins favorable", souligne le politologue Antonio Costa Pinto, de l'Université de Lisbonne.
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