Les Républicains et le Rassemblement national fustigent les propos du ministre, déjà mis sous pression à plusieurs reprises depuis son arrivée à Beauvau à l'automne 2018. Il a indiqué après la tuerie jeudi que cet employé, en poste à la PP depuis 2003, "n'avait jamais présenté de difficultés comportementales", ni "le moindre signe d'alerte".
Depuis, le parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi vendredi de l'enquête sur l'attaque qui a fait cinq morts, dont l'assaillant, Mickaël H. Plusieurs éléments accréditent la thèse de la radicalisation de cet informaticien, employé de la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP).
Samedi matin, le chef de file des députés LR Christian Jacob a annoncé à l'AFP qu'il allait demander mardi la création d'une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire "très grave", le groupe étant prêt à user de son "droit de tirage" (une fois par session) pour la créer.
Lui emboîtant le pas, la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen a réclamé "l'ouverture immédiate d'une commission d'enquête, permettant d'établir l'ensemble des responsabilités, dans ce qui apparaît déjà comme un scandale d'État", ajoutant que le ministre devra "tirer toutes les conséquences de la situation".
Pour le député LR Eric Ciotti, qui a déjà déposé une proposition de résolution pour une commission d'enquête, il y a "forcément un dysfonctionnement".
"Comment le ministre de l'Intérieur a-t-il pu se laisser aller à dire +circulez, il n'y a rien à voir+? Soit il savait et il a voulu dissimuler les faits ou il ne savait pas et ça veut dire qu'il est totalement incompétent. Mais dans les deux cas, sa crédibilité est aujourd'hui totalement nulle pour assurer la sécurité des Français", a-t-il tonné sur LCI.
En visite samedi à Provins (Seine-et-Marne), l'ex-chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, "bouleversé" par ce "drame", a affirmé lui aussi qu'il "faudra comprendre pourquoi et comment une telle chose est possible".
"Trop c'est trop"
Même ton du président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau pour qui le gouvernement "a parlé trop vite en banalisant ces terribles meurtres".
"Trop c'est trop", M. Castaner "ne peut pas rester en fonction. Il en va de la sécurité nationale", a renchéri le député Guillaume Larrivé, de même que Julien Aubert, candidat comme lui et Christian Jacob à la tête de LR.
"Comment un type comme ça a pu passer derrière les écrans radars?", s'est également interrogé Eric Diard, co-auteur d'un récent rapport sur la radicalisation dans les services publics qui évoquait une trentaine de cas soupçonnés mais pas avérés dans la police et la gendarmerie (sur 130.000 gendarmes et 150.000 policiers).
"Grave incompétence ou mensonge d'Etat ? Dans les deux cas, Castaner doit partir", a estimé samedi le vice-président du RN Jordan Bardella, réclamant aussi "la radiation immédiate des policiers et gendarmes suivis pour radicalisation", tandis que le député Sébastien Chenu a estimé qu'il "aurait dû démissionner depuis 1.000 fois".
Quant à Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), il a lui aussi réclamé la démission, estimant que le ministre "a menti aux Français".
Du côté du ministère de l'Intérieur, on s'astreint à un prudent silence face aux attaques à l'encontre de Christophe Castaner, déjà éreinté par l'opposition pour sa gestion de la crise des "gilets jaunes" ou après la mort de Steve Maia Caniço à Nantes.
Silence aussi au sein de la majorité, comme à gauche, sur ce qu'Emmanuel Macron a qualifié jeudi de "véritable drame". Le député LREM Dominique Da Silva a jugé sur LCI "un peu facile de demander la démission" du ministre.
"Il y a une faille c'est certain", a-t-il néanmoins admis, se montrant favorable à une commission d'enquête.
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