L'ensemble Octoplus, en résidence à la chapelle Saint-Julien de Petit-Quevilly (Seine-Maritime), présente un programme original, dont le but est d'offrir un tour d'horizon du tango. Sylvain Baudry, le directeur artistique, nous en parle :
Pourquoi avoir choisi ce répertoire musical ?
"Je suis toujours à la recherche de nouvelles idées pour enrichir notre programmation musicale. Le tango est un style musical très riche, qui se distingue par la grande diversité de ses formes. On ne peut pas le réduire aux pièces de Piazolla, même si c'est un compositeur incontournable. J'ai eu le désir de proposer, au cours de ce concert, une sorte de parcours musical sur un siècle de création. En fait, beaucoup de compositeurs européens ont accaparé ce style musical, originaire de l'Argentine et du Brésil. Cette musique populaire a aussi inspiré des compositeurs classiques. Ce qui les a intéressés dans le tango, c'est cet esprit à la fois plaintif et empreint de nostalgie. Dans les années 30, les allemands Kurt Weill et Ernst Shculhoff, par le tango, témoignent d'un certain mal de vivre, alors que l'espagnol Isaac Albeniz exploite davantage l'aspect romantique du tango."
Quels compositeurs avez-vous souhaité citer ?
"J'ai souhaité établir un panorama de ce style musique de la fin du XIXe jusqu'à Piazzola, le plus contemporain des compositeurs de tango. C'est le représentant majeur du tango nuevo, à la croisée de la musique populaire et de la musique savante, et il a vraiment redynamisé le tango. C'est un des plus emblématiques compositeurs et, bien sûr, il figure dans notre programmation, mais je ne voulais surtout pas sombrer dans les clichés. Il m'importait plutôt de montrer que, par ce genre musical, on peut s'exprimer de nombreuses manières différentes. Il y a donc des morceaux connus du grand public, comme le tango des Fratellini de Darius Milhaud ou le tango Jalousie de Jacob Gade, repris dans plus d'une centaine de films, ou Zequinha de Abreu et son fameux Tico, tico, dont la mélodie a été déclinée à l'infini : des pièces qui font vraiment partie de la culture populaire. On entendra aussi d'autres pièces moins connues, comme celles d'Alberto Ginastera et Luis Machaco. Nous abordons ce programme par des rapprochements stylistiques. Le concert commence par des pièces intimistes, puis accorde une large part aux compositeurs inspirés par le tango."
Pourquoi avoir choisi la formule du quintet ?
"Il y a un violon, un violoncelle, un accordéon, un piano et un chanteur. C'est la formation idéale pour interpréter ce type de programme, car elle me permet de parcourir l'ensemble du répertoire. On retrouve bien entendu l'instrument emblématique du genre, l'accordéon, mais aussi le violoncelle, qui a pris sa place dans le tango grâce à Piazzola et son complice José Bragato. J'ai dû, bien entendu, arranger certains morceaux comme le tango des Fratellini de Darius Milhaud spécialement pour cette petite formation. Certaines pièces ont été réduites, d'autres étoffées, comme le tango Jalousie de Jacob Gade, destiné au violon et piano. Ces adaptations offrent une version nouvelle et revisitent ces pièces de répertoire. Enfin, si l'accordéon occupe une place prépondérante, il me tenait aussi à cœur de mettre chacun des instruments en valeur tour à tour. Il y a des pièces instrumentales et quelques morceaux chantés comme Por una cabeza de Gardel et l'extrait de l'opéra de quat'sous de Kurt Weill, mais je varie vraiment les combinaisons avec ce quintet."
Samedi 12 à 17h30 et dimanche 13 octobre à 16 heures à la chapelle Saint-Julien à Petit-Quevilly. 5 à 8€. Tél. 06 10 46 57 87
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