A peine arrivé au Sommet de l'élevage, après trois heures de "grand débat" sur les retraites à Rodez jeudi soir, le chef de l'Etat a assisté sur le grand ring du salon au concours inter-régional Salers, où sont présentés les meilleurs spécimens de ces vaches à la robe rouge et aux cornes en forme de lyre, peuplant une grande partie des montagnes d'Auvergne.
"Je voulais apporter un message d'amitié, la situation est difficile, je serai à vos côtés aujourd'hui et demain" a dit le président au micro, en saluant son prédécesseur Jacques Chirac, qui bénéficie d'une cote d'amour unique auprès des paysans et auquel le salon rend un hommage particulier cette année, après son décès jeudi dernier.
Alors que deux députés la République en Marche, Roland Lescure et Jean-Baptiste Moreau, ont été pris à partie et expulsés du Sommet jeudi par des éleveurs dans une ambiance tendue, le président était accompagné du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume pour visiter cette exposition rassemblant quelque 2.000 animaux d'élevage, la fine fleur des troupeaux français, et des milliers d'éleveurs.
Comme au salon de l'Agriculture de Paris, M. Macron, après avoir brièvement rencontré à huis clos les principaux responsables de la filière bovine, a commencé de parcourir les allées de celui de Cournon-d'Auvergne en parlant aux exposants et au public.
"Aidez-nous!"
"Aidez-nous!", lui ont lancé plusieurs agriculteurs à son passage, "donnez-nous des perspectives pour le monde agricole, car on a le sentiment que la société française ne veut plus de monde agricole".
"On est mal, c'est le matraquage qui est dur, on a l'impression d'empoisonner les gens", lui a crié une éleveuse.
"J'en peux plus non plus de l'agribashing", leur a répondu M. Macron.
Interpellé sur le Ceta, l'accord de libre-échange UE-Canada rendu responsable par le syndicat majoritaire FNSEA d'une grande partie des difficultés de la profession, le président a renvoyé la balle dans le camp français.
"Les difficultés qu'on a aujourd'hui n'ont rien à voir avec le Ceta!" a-t-il dit. "Notre problème aujourd'hui est que nous ne savons pas valoriser correctement ce qu'on produit".
"On va devoir investir pour aider la filière, mais il faut que les producteurs s'organisent pour ne plus dépendre des gros acheteurs" a-t-il lancé en fustigeant la baisse du prix des broutards (veaux) "de 15 à 20% en juillet".
"C'est à nous de nous réorganiser, d'investir (...) il n'y a pas de fatalité" a martelé le président qui souhaite "qu'on arrête" le système français tournant autour d'un seul acteur dominant dans le monde de la viande, le groupe Bigard qui fait la pluie et le beau temps sur les prix dans la plus parfaite opacité.
"Il y a un acteur qui vous achète la viande au prix le plus bas possible pour faire sa rentabilité, il faut qu'on arrête avec ce système" a-t-il dit. "On est des couillons nous-mêmes" a lancé le président.
M. Macron a proposé aux représentants de la filière bovine que l'Etat investisse dans des abattoirs "dans quelques bassins où les mecs sont prêts à se structurer", en utilisant le grand plan d'investissement agricole annoncé dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation. "Notre problème est que 70% de la viande qu'on mange dans les restaurants en France n'est pas française" a lancé le président.
Vendredi soir, le chef de l'Etat doit poursuivre son séjour auvergnat en se rendant au Polydôme de Clermont-Ferrand, pour les 100 ans du journal régional La Montagne.
Après une allocution vers 18H00, il se prêtera à une séance de questions-réponses avec des salariés du groupe de presse et des chefs d'entreprise de la région.
Le quotidien détenu par le groupe Centre-France, diffusé à environ 150.000 exemplaires dans 13 éditions différentes, fête par une exposition mais aussi par un livre, un timbre et un numéro spécial sa fondation il y a 100 ans par Alexandre Varenne, journaliste et homme politique.
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